François Carreau, nez rouge, bonnet sur la tête, et regard larmoyant, est agenouillé près d’un cochon mort. « Le taux de mortalité en France, se désole-t-il, est de 20 %, car dans les élevages intensifs, les bêtes ne survivent pas facilement. » Sur la seconde vidéo, en revanche, pas de commentaire, seul un porcelet tremble sur les caillebotis. Le titre espère visiblement frapper les esprits : « Un porcelet mourant (streptocoque). »

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Ces deux vidéos, qui veulent dénoncer les conditions d’élevage en porcins, ont été tournées illégalement dans deux élevages de la Mayenne au début du mois de novembre. Loin du titre « d’enquêteur », revendiqué par leurs auteurs, elles n’offrent pourtant aucun élement de contexte.

Violation de domicile

Pour filmer l’animal mort, sans considération pour les normes sanitaires, les enquêteurs ont déplacé l’animal hors du bac d’équarissage. Quant à la seconde vidéo, le porcelet qualifié de mourant n’était que malade, et l’exploitant l’avait isolé afin de le soigner. « Ils veulent la fin de l’élevage, se désole Philippe Jehan, président de la FDSEA de la Mayenne, et ils vont l’obtenir. »

Les exploitations auraient été choisies au hasard. Le cochon mort appartient à un engraisseur en fin de carrière, et le porcelet, à un naisseur engraisseur. Les éleveurs ont découvert ces vidéos, comme tout le monde, sur les réseaux sociaux, alertés par leurs familles. En bas de chacune des vidéos figurent leurs noms, et la localisation GPS de leurs exploitations.

Capture d’écran du compte Facebook de Direct Action Everywhere. © DR

L’un des deux exploitants a déjà porté plainte, le second ne devrait pas tarder à le faire. « Il y a violation de domicile », accuse Philippe Jehan. Le syndicat pourrait lui aussi engager des actions judiciaires. « Il faut en finir avec les intrusions. »

Une filière en difficulté

« Le cochon est à 1,17 €/kg, rappelle Philippe Jehan, les producteurs n’en peuvent plus. » Et les vidéos ne feront aucun bien à un secteur affaibli, notamment en termes de consommation. « La Fédération nationale porcine, se désole le président du syndicat, n’arrive même pas à obtenir des rendez-vous suite à ces crises. »

Ce n’est pas la première fois que des associations s’invitent dans les exploitations porcines par surprise. « Il y a déjà eu des actions du même type dans les Charentes, en Vendée, dans les Alpes, ça s’additionne. » Devant l’inertie judiciaire, Philippe Jehan s’impatiente. « Où en sont les plaintes ? Est-ce que les gens sont poursuivis ? Qu’attend la justice ? »

« Les gilets jaunes vont en comparution immédiate, poursuit Philippe Jehan, mais les deux personnes responsables de ces vidéos ne vont même pas être entendues, alors qu’on connaît leur nom, et qu’on sait où elles habitent. » Les auteurs signant les vidéos de leurs noms, avec des liens vers leurs profils Facebook, ne semblent effectivement pas vouloir rester dans l’ombre.

Le petit nouveau de la galaxie vegan

L’association responsable de cette action, Direct Action Everywhere France, compterait, selon un message publié sur Facebook, trois membres actuellement.

Elle serait une émanation du mouvement international « Direct Action Everywhere », désigné, lui, par l’acronyme « DxE ». Créé à San Francisco il y a cinq ans, DxE prône « l’open rescue », le sauvetage d’animaux en captivité.

Ivan Logvenoff