Au Gaec Combe de Communal, dans l’Ain, il ne reste qu’une génisse atteinte de verrues. « Si elle ne guérit pas, elle sera réformée car intrayable », soupire Martin Flaugère. Mais la situation sanitaire globale s’est bien améliorée en deux ans. À cette époque, « nous avions cinq génisses très abîmées sur vingt-cinq. Cela finissait par peser sur le renouvellement, témoigne-t-il. Certaines ont été réformées, mais nous avons pu en récupérer deux. Leurs verrues, apparues vers l’âge d’un an, sont tombées après ingestion d’un bolus fortement dosé en magnésium, cuivre, sélénium et iode. »
Incidences sur le renouvellement
Depuis, la prudence est de mise. Les deux associés du Gaec ont mis en place un protocole de minéralisation renforcée sur ces bêtes, avec l’aide d’un vétérinaire. « Nous leur donnons systématiquement un bolus pour la sortie au pâturage, un lors de la mise à la reproduction, et un autre juste après vêlage, détaille Yoann Falabregue, qui travaille avec Martin. Les génisses ont aussi des seaux à lécher à disposition. Et dans le cas de grosses verrues installées, nous réitérons le bolus surdosé en oligoéléments. Le coût est de l’ordre de 2 000 € par an de bolus et 1 000 € pour les seaux à lécher. Nous faisons aussi minéraliser le grain, ce qui coûte 1 000 €/t. »
Fourrages corrigés
La prolifération des verrues étant liée à la qualité des fourrages ingérés (lire l’encadré), tous deux souhaitent maintenant régler le problème à la source.
En ressortant les analyses de fourrages effectuées sur leurs sols en 2018, pour piloter les épandages d’effluents, un élément, un temps passé inaperçu, leur a sauté aux yeux. Les treize prélèvements affichent des teneurs en fer allant de 10 à 55,7 ppm, quand la norme se situe entre 10 et 14 ppm. Ce qui les amène à se questionner : est-ce que de la terre se retrouve dans le foin, malgré une hauteur de coupe de 7 cm ? Faut-il faner séparément les parcelles les plus riches en fer, pour éviter d’en distribuer 50 bottes d’affilée ? Les carences du foin en oligoéléments sont-elles dues au fer ou à la faible minéralisation liée au climat montagnard ? « Il nous faudrait l’avis d’agronomes pour faire la clarté là-dessus, poursuit Martin. Mais ces experts se penchent rarement sur des systèmes 100 % élevage comme le nôtre. »
En complément des réflexions menées autour de la minéralisation des animaux, les exploitants travaillent en continu sur l’ambiance de l’élevage et le bien-être de leurs bêtes. « Chaque amélioration sera bénéfique, pas seulement pour le problème de verrues qui est maintenant presque réglé », conclut Martin, heureux de voir que les soucis de fertilité sur les génisses se sont résolus pratiquement en même temps que ceux des verrues. Un succès que les associés attribuent à la minéralisation, autant qu’au suivi de reproduction entamé avec les vétérinaires. « Les problèmes sont souvent liés et leurs causes sont multifactorielles. »
Bérengère Lafeuille