«La tuberculose bovine de masse semble toucher à sa fin en Côte-d’Or. Mais la vigilance reste de mise », commente Pascal Martens, le président du Groupement de défense sanitaire (GDS) de Côte-d’Or. Dans la zone « noire » de l’Auxois, les recontaminations d’élevages, jusqu’à quatre fois pour certains d’entre eux, montrent à quel point la maladie peut rester incrustée. Peu à peu, l’étau se desserre. Depuis trois ans, 385 des 707 communes du département, sont passées en prophylaxie bisannuelle (1). Ce combat, en passe d’être gagné, l’a été au prix d’énormes efforts de la part des éleveurs. « Depuis 2009, 200 troupeaux ont été concernés par un abattage total ou partiel, précise Pascal Martens. Clouée au pilori, la génétique du département a souffert, ainsi que l’installation des jeunes dans la zone la plus touchée. »
Une lutte collective
Les phénomènes de recontamination des élevages ont été un calvaire pour des familles. Les professionnels ont dû argumenter pour faire admettre l’existence d’autres sources de contagion que le voisinage, comme la faune sauvage (blaireaux, sangliers, cervidés) et le lien au sol. Dans le cadre de travaux de l’Inra de Dijon, des traces de la mycobactérie, responsable de la maladie, ont été retrouvées dans les zones humides et les coteaux non exposés au soleil. Une étude est en cours sur les conditions de vaccination orale généralisée des blaireaux. Il a aussi fallu batailler auprès de la DGAL (Direction générale de l’alimentation) pour obtenir une dérogation en faveur de l’abattage partiel. Il en a été de même pour l’utilisation de l’interféron, une technique qui permet de chercher les lésions les plus petites, et donc de détecter plus efficacement les foyers.
Faisant fi de tout ce travail collectif, un éleveur sélectionneur de Côte-d’Or était appelé à comparaître le 29 mars devant le tribunal correctionnel de Dijon pour falsification de boucles et trafic de sangliers (lire l’encadré). Cette affaire révoltante vient entacher le palmarès de la lutte hors norme menée dans ce département.
(1) Depuis 2009, les bovins de Côte-d’Or de plus de 12 mois étaient dépistés chaque année par intradermoréaction comparative et les animaux suspects envoyés à l’abattoir.