En se déplaçant à Mirecourt dans les Vosges le 20 juin 2025 au côté de sept ministres (1), le Premier ministre François Bayrou envoie aussi un message fort aux vingt-deux millions de Français habitant en milieu rural et parfois en proie à un « sentiment d’abandon ou de relégation » de la part des pouvoirs publics. « De magnifiques projets existent et se développent », a notamment appuyé le Premier ministre, à l’issue du comité de l’après-midi.

Sous l’égide du Premier ministre, la délégation ministérielle avait débuté la journée par la visite de l’école nationale de lutherie — une de ces pépites qu’abrite le milieu rural — puis par celle du lycée agricole et forestier de Mirecourt.

« De grands succès »

À mi-parcours du plan France ruralités destiné à faire des zones rurales « des territoires d’opportunité et d’avenir », le comité interministériel aux ruralités avait pour objectif de dresser un bilan des mesures mises en place en 2023 par la Première ministre de l’époque, Élisabeth Borne. Selon l’État, ce plan compte de grandes réussites en faveur du milieu rural. Et ces réussites encouragent aujourd'hui le gouvernement à déployer les différents axes du plan pour que davantage de communes en bénéficient. Dans un contexte de restriction budgétaire, François Bayrou l'a assuré : « Nous savons sélectionner les priorités. Pour nous, il s'agit d'une priorité. »

Premier grand succès du plan France ruralités mis en avant par François Bayrou, le déploiement de la fibre optique qui couvre aujourd’hui 92 % du territoire : « Nous sommes le seul pays européen à avoir porté à son terme le déploiement de la fibre dans toutes les communes rurales », a-t-il détaillé.

« Deuxième grand succès, les maisons France services », poursuit-il. Il y en a un peu plus de 2 800 actuellement. Les territoires en compteront « une centaine de plus d’ici à 2030 », annonce le Premier ministre.

Ces mesures qui visent à améliorer le quotidien des habitants en milieu rural représentent un axe phare du plan France ruralités.

Améliorer le quotidien

Sur un ensemble de trente-deux mesures concernant le logement, le transport, la santé ou la culture, et dont l’objectif est d’améliorer concrètement le quotidien des Français, « trente ont été intégralement réalisées ou sont en cours de déploiement », selon le gouvernement.

Pour les mobilités rurales entre autres, 212 projets, portés surtout par des intercommunalités, ont déjà été soutenus depuis un an et demi. Les travaux et investissements dans des infrastructures permettent de couvrir 3,9 millions d’habitants, selon les chiffres du gouvernement.

Le plan France ruralités prévoyait aussi le déploiement de cent médicobus d’ici à 2027, des bus itinérants de médecins allant à la rencontre de patients dans les zones déficitaires en soignants. À peine vingt-quatre médicobus sont pour l’instant labellisés et onze sont réellement déployés sur le terrain. Efficaces là où ils passent, ils peuvent être compliqués à mettre en œuvre. C’est un exemple de mesures que le gouvernement souhaite adapter à mi-parcours du plan.

La santé dans les territoires ruraux sous-dotés en soignants fait par ailleurs l’objet d’un autre plan gouvernemental présenté par François Bayrou cette année. « Un plan précis des zones blanches en France sera présenté dans les jours qui viennent », a indiqué le Premier ministre le 20 juin à Mirecourt. L’effort de solidarité demandé aux médecins exerçant dans des zones bien dotées devrait débuter dès septembre à raison d’un à deux jours par mois d’exercice dans les territoires ruraux les moins bien dotés.

« Un espace de développement économique »

Un autre axe du plan France ruralités consistait en un dispositif d’exonérations fiscales et sociales pour les entreprises qui s’installent en milieu rural (2). 19 000 communes en ont bénéficié jusqu’à présent. « La ruralité est un espace de développement économique », pointe François Bayrou. À noter que 32 % l’emploi industriel se situe en milieu rural. Ces actions sont en faveur « de l’implantation et du renforcement de notre tissu industriel, et évidemment agricole ».

Le plan France ruralités soutient aussi les collectivités dans la valorisation des aménités rurales (forêt, sols, zones humides, eau…). Cela s’est traduit par une augmentation des financements encourageant les efforts réalisés par les communes dans des aires naturelles protégées. De 42 millions d’euros en 2023, les dotations sont ainsi passées à 100 millions d’euros en 2024 puis 110 millions d’euros en 2025 (3). L’objectif est donc atteint pour le gouvernement malgré le contexte global de budgets contraints.

Le programme « Villages d’avenir » a quant à lui pour objectif de renforcer l’attractivité de petites villes rurales. 120 chefs de projet dans les préfectures et sous-préfectures sont mis à la disposition des maires pour les accompagner dans divers projets d’ouverture de commerces ou d’amélioration de l’accès aux soins, à l’éducation, ou à la culture. Sur les 2 965 communes entrées dans le dispositif Villages d’avenir, 604 projets ont été validés et 163 déjà réalisés. Cela représente 455 communes pour un budget de 14 millions d’euros. Au total, 440 000 habitants vont en bénéficier directement. Ce programme sous l’égide de l’Agence nationale pour la cohésion des territoires a donné un nouvel élan à des plans déjà lancés depuis 2017 pour renforcer l’attractivité de petites villes. « Mais davantage doit être fait pour que les campagnes, si riches de potentiel, si attirantes pour un grand nombre de nos concitoyens, si innovantes à bien des égards, transforment leurs possibilités en réalité », remarque Fraçois Bayrou. En France, plus de 21 000 communes ne disposent d’aucun commerce, soit 62 % des communes françaises en 2025 contre 25 % en 1980.

Enfin, ce déplacement interministériel fut l’occasion de rencontrer les maires ruraux. François Bayrou a assuré que le gouvernement allait « aider les élus locaux dans leurs actions au quotidien avec le texte sur le statut de l’élu examiné à l’Assemblée nationale en juillet ». Soumis parfois à de lourdes pressions, surtout dans les petites communes, les maires ruraux attendent en effet avec impatience une révision de leur statut.

(1) Dont Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, et Françoise Gatel, ministre déléguée à la Ruralité

(2) D’abord connus sous le nom de zones de revitalisation rurale (ZRR), ces dispositifs ont évolué en France ruralités revitalisation (FRR) depuis 2024.

(3) Ce dispositif a pris la suite de la dotation Natura 2000, instaurée par la loi de finances de 2019, transformée en dotation biodiversité par la loi de finances 2020 puis en dotation aménités rurales par la loi de finances de 2024.