On pourrait croire à une grosse blague et pourtant le sujet est sérieux : de nombreux chercheurs planchent actuellement sur le développement de modes de culture sur la planète Mars. Chinois, Néerlandais et Nord-Américains ont pris une longueur d’avance et se sont retrouvés pour partager leurs travaux lors d’un séminaire organisé par le droniste chinois XEG.
Deux axes de développement
Les travaux s’orientent selon deux axes : la culture en atmosphère entièrement contrôlée et le développement de variétés adaptées aux caractéristiques du sol martien. L’université néerlandaise de Wageningen travaille sur la possibilité de cultiver des pommes de terre sous serre et dans un sol qui simule celui de Mars. Le substrat d’origine, qui a ensuite été reproduit en laboratoire, a été fourni par la Nasa lors de sa dernière expédition martienne.
Pallier le manque d’azote
La base utilisée pour imiter le sol martien est la terre des volcans d’Hawaï, qui contient une forte proportion de métaux lourds et de perchlorates mais manque d’azote, comme sur Mars. En plus du clone de sol martien, les chercheurs ont ajouté du sable de rivière terrien et de la matière organique pour la fertilisation.
Dix semaines de culture pour la pomme de terre
Les pommes de terre se sont bien adaptées à ces conditions exceptionnelles. Selon le Dr Wamelink, qui dirige l’étude, « la pomme de terre sera probablement l’alimentation de base des premiers explorateurs de Mars car elle se prête parfaitement à ces conditions. Il s’est écoulé 10 semaines entre la plantation et la récolte. ». Les chercheurs néerlandais ont également rencontré un certain succès avec 14 autres cultures dont les tomates, les radis, les pois et les poireaux. Cependant, la pomme de terre offre l’intérêt de fournir le plus de nourriture possible par rapport à la surface utilisée, un critère majeur sur Mars où la construction de chaque serre aura un coût astronomique.
Des robots pour cultiver
Pour assurer le suivi et le traitement de ces cultures, les chercheurs chinois sont en phase de développement de robots spécifiques. Le temps de transmission d’une onde radio entre la Terre et Mars étant d’une vingtaine de minutes, il n’est pas réaliste de piloter cette flotte d’automate en temps réel et à distance. Ces robots auront donc besoin d’être totalement autonomes et d’être capables de déclencher seuls une intervention, en particulier pour les traitements. L’utilisation du deep-learning, la version la plus évoluée de l’intelligence artificielle, est donc incontournable. Pour le moment, les chercheurs chinois cherchent à reproduire le maximum de situations pour « gaver » l’intelligence artificielle avec ces données et faciliter son apprentissage.
Des applications terriennes
Les solutions développées par la communauté scientifique auront aussi un intérêt pour l’agriculture terrienne, en particulier pour les zones arides. La culture en circuit totalement fermé et contrôlé intéresse notamment les Américains, confrontés à des sécheresses sans précédent dans tout le sud-ouest du pays.