« Et nous, qu’est ce qu’on va devenir ? » Cette question de salariés d’exploitations agricoles, de Cuma et d’ETA revient régulièrement après chaque article sur la robotique. Pourtant, pas besoin de paniquer, selon les experts intervenus lors du Fira (Forum international de la robotique), qui s’est tenu à Toulouse les 10 et 11 décembre 2019.

 

En effet, pour Rohan Rainbow, spécialiste de la robotique chez le constructeur australien Agtechcentric, « ce sont les travaux réalisés manuellement par de la main-d’œuvre nombreuse et peu qualifiée qui sont amenés à être effectués par des robots ». Sont notamment concernés la cueillette et le désherbage mécanique.

Un chauffeur, mais pas toujours en cabine

Mais selon Peter Pickel, directeur des relations extérieures chez John Deere, « pour les travaux plus complexes comme le semis et les traitements en grande largeur, il y aura toujours un chauffeur. La subtilité, c’est qu’il ne sera pas forcément dans le tracteur. On peut imaginer qu’un chauffeur pourra piloter une flotte de tracteurs robotisés depuis sa moissonneuse-batteuse ou un véhicule placé en bordure de parcelle. »

Le robot Case IH retrouve une cabine

Le symbole du robot excluant totalement le chauffeur est le Magnum sans cabine de Case IH. Depuis la fin d’Agritechnica, l’engin a rejoint le musée Case IH de Racine (Wisconsin). Il s’agit d’ailleurs du seul exemplaire construit et testé. Les autres robots du groupe CNH, qu’ils soient déclinés sur des tracteurs Case IH ou New Holland, conservent une cabine.

 

Le projet ACV de robotisation du groupe n’est pas abandonné, bien au contraire ! Mais selon Brad Lukac, responsable du programme ACV puis du Magnum, « la version sans cabine était surtout destinée à attirer l’attention et à faire réagir. Mais d’un point de vue pratique, ça n’a pas de sens de conduire des tests avec un tracteur sans cabine. »

Deux sites de test

Brad Lukac estime que le tracteur robotisé sans cabine n’a pas vraiment d’avenir car « pour de nombreux agriculteurs, la conduite reste une des activités plaisantes du métier ». De plus, le chauffeur doit pouvoir reprendre le volant pour certaines tâches comme les déplacements sur route ou le semis dans les parcelles biscornues.

 

CNH poursuit les tests sur ses tracteurs robotisés, avec cabine. Pour Case IH, deux Quadtrac autonomes travaillent chez l’un des plus gros producteurs de carottes de l’Amérique du Nord. Du côté de New Holland, un T4 autonome évolue chez Gallo, un important viticulteur californien.