Auparavant, Matthieu Gourlin, éleveur à Marly-Gomont (Aisne), passait 5h30 par jour pour la traite de ses 95 vaches. Afin de mieux gérer son temps de travail il a opté en 2018 pour deux robots, sans pour autant renoncer à la mise à l'herbe des laitières. L'éleveur a mis en place un système d’alimentation le plus simple possible. Pâturage ou non, la ration est la même pour les vaches et génisses, mais distribuée en quantité différente. Seul l’apport de correcteur azoté est supprimé au pâturage.
15 hectares accessibles
En début de saison, les vaches ne pâturent que quelques heures par jour. « Pour les premiers déprimages, je les sors vers 14 h et les fais rentrer à 18 h. Ainsi, elles ont déjà la panse pleine et n’épuisent pas trop les pâtures », explique Matthieu, qui bénéficie de 15 ha directement accessibles depuis l’étable pour ses vaches laitières.

La ration est adaptée en fonction de la pousse de l’herbe et des refus observés à l’auge. En pleine saison de pâturage, il ne distribue que 50 % de sa ration hivernale. « Avec cette technique, la production ne bouge pas, et au bout de deux à trois semaines de transition, je peux me passer de correcteur », apprécie l’éleveur.
Si la portance des sols le permet, les vaches effectuent leur première sortie autour du 20 mars, et ce jusqu’au 20 novembre. L’intégralité des laitières bénéficie d’un accès à l’extérieur. « Au début, je gardais les vaches à moins de 100 jours de lactation au bâtiment pour éviter qu’elles perdent de l’état, mais j’ai arrêté, l’impact était faible ».
Une demi-ration à l’auge
Difficile pour Matthieu d’exploiter davantage l’herbe. Avec 15 ares accessibles par vaches laitières, la ration ne peut pas uniquement reposer sur le pâturage. D’autant que pour obtenir les primes "lait d’été", les besoins des vaches laitières augmentent lorsque l’herbe se raréfie.
Les vaches ne sortent qu’en journée. Une ration à l’auge est apportée au soir, pour qu’elles pâturent le rumen vide. Le pâturage nocturne apparaît complexe à mettre en place dans un système robotisé. « Rentrer les vaches me permet notamment de ne pas avoir trop de retard dans mon travail », souligne l'éleveur.
« Les vaches doivent passer à la traite avant de sortir »
L’installation d’une porte de tri en sortie de bâtiment permet aux laitières de sortir de 8 h à 18 h. Seules les vaches passées au robot depuis moins de 8 h ont accès à l’extérieur. « Le but est de les faire passer à la traite avant qu’elles sortent », explique Matthieu. Il ne constate pas plus de retards au pâturage qu’au bâtiment. « Même en pâture, elles reviennent ». Seule contrainte : aller chercher les vaches au soir à 18h.
Pour l’éleveur, la traite robotisée n’est pas forcément compatible avec le pâturage intégral, la production laitière étant soumise à d’importantes variations selon la pousse de l’herbe. « Le robot a besoin d’une production linéaire pour bien fonctionner. Il attend un certain litrage pour chaque vache, remarque Matthieu. En fin de déprimage, il est possible qu’une vache n’aille pas au robot, mais elle n’est pas forcément en retard à la traite, elle produit simplement moins parce qu’il y a moins d’herbe ».
Bien que le pari de concilier robot et pâturage soit réussi, l'alimentation troupeau repose moins sur l’herbe que par le passé. « Il m'a fallu intensifier le système de production pour amortir les investissements, sans lesquels je n'aurais pas pu poursuivre l'atelier laitier. Il est aussi devenu presque impossible de traverser une route avec les animaux. C’est toujours moins de surface accessible, et autant de travail supplémentaire pour préparer la ration », estime l’éleveur, qui apprécie toutefois d’être exempté de l’astreinte de la traite.
Le pâturage complète la ration
