La faiblesse des retraites agricoles est un sujet de mécontentement de la profession. Cette dernière attend les arbitrages du gouvernement concernant le calcul des pensions sur les 25 meilleures années de la carrière. Mais ceux-ci tardent à venir.

« Les retraites agricoles sont les retraites les plus faibles de tous les secteurs d’activité économique, a ainsi souligné Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, le lundi 22 janvier 2024 au micro de France Inter. Pour la plupart des agriculteurs, ce sont des retraites de l’ordre de 1 000 euros (par mois, NDLR), moins certaines fois. Avec des pensions de réversion qui sont entre 700 et 800 euros […]. Après une vie de labeur, c’est indigent. »

Calcul sur les 25 meilleures années

Une loi votée à l’unanimité en février 2023 prévoit d’améliorer les retraites agricoles. Objectif : calculer les pensions des exploitants sur leurs 25 meilleures années, et non plus sur l’ensemble de leur carrière, à partir du 1er janvier 2026.

Toutefois, rien n’est dit dans ce texte quant aux nouvelles modalités de calcul des retraites agricoles. De celles-ci dépendront les gains que les agriculteurs peuvent espérer. Le gouvernement devait présenter un rapport à ce sujet dans les trois mois suivant le vote de la loi. Une année plus tard, ce rapport n’a toujours pas été remis aux parlementaires.

« Un an après et il n’y a rien, a fustigé Arnaud Rousseau. J’entends les politiques dire : “On s’intéresse à vos questions”, “on en parle souvent”. La réalité, c’est que sur les retraites, nous n’avançons pas ! »

Rapport prévu « au début du mois de février »

Interrogé par la sénatrice Nadia Sollogoub (Union centriste, Nièvre) le 17 janvier 2024, le ministre de l’Agriculture a indiqué que le rapport sur l’évolution du calcul de la retraite agricole de base devrait être rendu public « au début du mois de février ».

« Le sujet est très complexe : il y a un risque de perdants. J’assume donc que nous ayons pris le temps de bien faire les choses, a répondu Marc Fesneau. Il y a deux pistes : n’appliquer la réforme qu’aux nouveaux entrants ou procéder à une double liquidation — pour avant et pour après 2016. Nous en reparlerons, mais nous touchons au but pour rendre justice aux agriculteurs. »

Dans l’attente des choix retenus par le gouvernement

L’impatience est palpable chez les parlementaires, notamment chez le député Julien Dive (Les Républicains) qui avait porté la loi sur les vingt-cinq meilleures années : « On nous a promis ce rapport pour l’été, puis en novembre, et ça a été encore retardé. J’ai alerté le cabinet du nouveau Premier ministre sur ce sujet sensible et cette promesse faite aux agriculteurs », explique l’élu de l’Aisne.

« Nous attendons de voir les scénarios qui seront retenus par Matignon, les choix de faire ou de ne pas faire d’efforts, poursuit le député. C’est la responsabilité du gouvernement. Il aura intérêt à argumenter, car c’est un sujet de colère, en plus des autres revendications, pour les agriculteurs. »