Invité à l’assemblée générale de la Fédération européenne des fabricants d’aliments composés pour animaux (Fefac), le 29 mai 2025 à Rome, le président du Comité des organisations professionnelles agricoles de l’Union européenne (Copa), Massimiliano Giansanti, a rappelé son attachement à un budget fort et distinct pour la prochaine Pac.
Pour lui, cet engagement est essentiel afin d’assurer la sécurité alimentaire et la sécurité sanitaire des aliments, tout en s’appuyant sur des financements complémentaires comme les écoschemas (écorégimes) dans les États membres. « Nous attendons la présentation du cadre budgétaire de l’Union européenne le mois prochain, rappelle-t-il. Il faut qu’Ursula Van der Leyen soit cohérente avec ce qu’elle a annoncé lors de la campagne pour sa réélection : « Nous croyons dans l’agriculture. Nous avons besoin du soutien de notre commissaire. »
Selon lui, malgré les pressions exercées contre l’élevage, ce dernier commence à être mieux entendu. Il insiste : « La nutrition animale est une des clés de la durabilité de notre agriculture, notamment pour réduire les émissions de GES. Notre mission collective est d’assurer la sécurité alimentaire européenne. Je crois que nous pouvons produire de tout. Nous avons aussi des fermiers qui cultivent du soja en Europe. »
Reconnaissance du rôle de l’élevage
Le président de la Fefac, Pedro Cordero, partage cet optimisme et estime que le secteur de l’élevage est mieux reconnu par le commissaire à l’Agriculture, Christophe Hansen. « Le lancement de la plateforme de discussion Livestock Workstream le 8 mai et sa première réunion, le 27 mai, montrent concrètement cette reconnaissance, dit-il. Cette initiative prévoit un programme ambitieux pour les prochaines réunions de juin et de septembre, sur des éléments clés comme l’attractivité du métier, l’importance de la compétitivité pour que l’élevage soit profitable et donc durable ainsi que sa prise en compte dans la prochaine Pac ».
L’alimentation animale représente entre 40 et 80 % du coût de production des élevages et 80 % de son propre coût est constitué par les matières premières. Mais, ajoute le président, il ne faut pas perdre de vue que les animaux doivent manger tous les jours et que les mesures qui contraignent l’accès aux matières premières en ajoutant de l’incertitude aux marchés vont réduire sa compétitivité. Il s’inquiète non seulement des taxes américaines et des mesures de rétorsion européennes sur la liste desquelles figurent des produits alimentaires, des matières premières et des coproduits, mais aussi des modalités d’application du règlement européen sur la non-déforestation importée.
« Le futur de l’agriculture européenne est profondément lié à la nutrition des animaux d’élevage, insiste de son côté Brigitte Misonne, de la direction générale de l’Agriculture à la Commission européenne (DG Agri). Elle apporte des solutions pour la réduction des émissions de méthane par des additifs ou par les stratégies alimentaires mais aussi la réduction de notre dépendance aux protéines importées. »
La publication de la liste classant les pays selon leur niveau de risques en matière de déforestation, le 22 mai, éclaircit un peu les obligations pour l’importation : les pays à risque élevé sont principalement l’objet de restrictions commerciales préalables, l’importation de bois par exemple étant interdite (Biélorussie, Corée du Nord, Myanmar et Fédération de Russie). Toute l’Union européenne est classée à bas risque, le Brésil et l’Argentine étant, quant à eux, dans la liste des pays à risque « standard ».