Basé en Haute-Loire, Clément Breysse dirige une ETA spécialisée dans la récolte de fourrages. Parmi ses engins se trouvent deux autochargeuses Jumbo 8450 DB de Pöttinger équipées de démêleurs. C’est justement cette option qui a convaincu Odile Faurie, gérante de la ferme Pierre Plate en Ardèche et aidée par son époux Paul : « Quand on y a goûté, on ne peut pas revenir en arrière. »

Historiquement, Paul et Odile récoltaient leur herbe avec une ensileuse : « À l’époque, tout le monde faisait comme ça, donc on ne se posait pas forcément la question. Au fil des années, certaines fermes avec lesquelles nous travaillions en entraide ont arrêté l’élevage, ou leur activité, et l’organisation devenait problématique. Depuis maintenant six ans, nous faisons intervenir une autochargeuse. Même si le chantier dure un peu plus longtemps parce qu’il n’y a qu’une machine, nous sommes autonomes et c’est bien plus simple comme ça. »

Historique et stratégique

« Lorsque j’ai fait mon BTS, je conduisais une autochargeuse avec démêleurs, et j’ai compris l’intérêt d’une telle option pour un meilleur tassage. À la fin de mon alternance, je me suis installé et mon maître de stage a vendu ses remorques, donc je les ai reprises », raconte Clément, l’entrepreneur.

Ressemblant à des hérissons horizontaux, les déméleurs sont au nombre de 3, situés à l’arrière de la caisse de la remorque. Lors du déchargement, un moteur hydraulique les fait tourner afin de casser les mottes d’herbes et ainsi laisser une couche homogène de récolte sur le silo.

« J’avais bien vu que le tassage s’effectuait beaucoup plus facilement lorsqu’une remorque est déchargée avec des déméleurs, contrairement à une remorque classique. Le fait que le fourrage soit en quelque sorte “épandu” évite les paquets, voire la formation de trous d’air. Et comme le déchargement se fait sur le tas et non à son pied, l’herbe est déjà au-dessus du silo. »

Avec des clients en Ardèche, Clément a équipé ses autochargeuses de pneus larges afin d'avoir une meilleure stabilité. (©  Louis Duval/GFA)

Depuis, Clément Breysse a continué sur cette lancée jusqu’au renouvellement d’une autochargeuse au début de l’année 2024. « Après un sondage chez mes clients, c’était clair. Si je ne reprenais pas de démêleurs, je risquais de perdre des chantiers. Le choix de garder l’option, onéreuse sur le papier, s’avérait rentable dans les faits. »

En plus de cette fonctionnalité, l’entrepreneur a équipé sa Jumbo de presque toutes les options disponibles, dont une pesée intégrée, utile pour une prévision de l’alimentation sur l’année ou lors d’achat en andain. « C’était quelque chose qui m’avait déjà été demandé, c’était l’occasion pour l’obtenir. »

Les couteaux de la Jumbo 8450 DB permettent une coupe courte de 25 mm. (©  Louis Duval/GFA)

Le choix de la machine arrêté, Clément était prêt à commander celle de la nouvelle génération du constructeur autrichien. Il s’est rendu compte qu’avec une coupe plus courte que l’ancienne génération (34 mm contre 25 mm), la nouvelle serait davantage sollicitée par ses clients. « J’ai changé les deux machines. En avoir des identiques est un avantage puisqu’elles peuvent travailler séparément tout comme dans un même chantier, sans faire de différence sur la récolte. »

Monter sur le silo

En bonne condition, Léo, le chauffeur de l’ETA, peut récolter jusqu’à 30 hectares dans la journée. Tout dépend de la distance entre la ferme et la parcelle. Clément a déjà eu des chantiers avec des trajets de plusieurs heures, et « c’est à ce moment-là qu’avoir deux machines prend tout son sens ».

Chaque tour commence par un départ de la ferme jusqu’au champ. Le fourrage y est déjà fauché, andainé et séché par les quelques jours passés au soleil. Le tracteur enjambe les andains et Léo surveille la récolte passant dans le pick-up. « Les couteaux demandent beaucoup de puissance, donc si besoin je réduis la vitesse. Il peut suffire d’une boule humide pour que le tracteur peine, surtout si je suis dans une pente. »

Les démêleurs, apportent une récolte homogène au silo et facilitent le tassage. (©  Louis Duval/GFA)

Au fil du chargement de la remorque, le tapis de fond de caisse en chaîne avance doucement vers l’arrière afin de remplir la remorque au maximum. « Il ne faut pas l’avancer trop vite, afin de comprimer l’herbe. Le tablier justement aide à la compression en se baissant. Généralement, la caisse de 47 m³ permet de transporter 80 m³ d’herbe compactée. » Lorsque l’arrière de la caisse est plein, le tablier se remonte afin de charger la tête, avant que l’ensemble reprenne la route de l’exploitation.

Le tablier se baisse lors du remplissage de la remorque, ce qui tasse l'herbe entrant dans la caisse. Ce tassage permet de faire rentrer 80 m³ d'herbe compressée dans 47 m³. (©  Louis Duval/GFA)

En arrivant au silo, Léo monte sur le tas. « Ici c’est parfait, le silo est en descente, donc le tracteur n’a pas de mal à monter. » La porte arrière s’ouvre, laissant apparaître les trois démêleurs. Ces derniers se mettent alors en marche pendant que le tracteur avance, ce qui permet un déchargement rapide sur la longueur du silo, décompressant l’herbe. Maintenant c’est à Paul de prendre le relais, étalant et tassant la récolte jusqu’au retour de Léo.