Coincé entre Meaux et le nord de la Région parisienne, le petit village de Charmentray (Seine-et-Marne) n’est pas le premier endroit où l’on s’attend à croiser une ensileuse à chenilles. Pourtant, c’est bien dans cette petite commune du nord de la Seine-et-Marne que l’ETA Solu’Agri a fait le choix d’investir dans des Claas Jaguar en version Terra Trac, une déclinaison dans laquelle les ensileuses sont munies d’un train de chenilles à l’avant. Avec ces machines, l’entreprise répond à la demande croissante des méthaniseurs du secteur, en limitant le tassement dans les parcelles, tout en conservant un gabarit restreint. Cette singularité semble satisfaire l’ETA, qui est passée d’une machine en 2019, à désormais trois ensileuses dans cette configuration.

L'ETA possède aujourd’hui un parc de trois ensileuses, toutes à chenilles. (©  Thibaut Flament)

« Enfant, j’ai toujours été passionné par l’ensilage. Avec le boom des méthaniseurs dans le secteur, c’était l’opportunité rêvée de se lancer », se souvient Thibaut Flament, à la tête de l’entreprise. Cette dernière s’est spécialisée dans les chantiers de niche. « J’ai commencé par de l’épandage avec des Terra Gator, puis le déterrage de betteraves. Faisant suite à un automne humide, un méthaniseur voisin m’a demandé de trouver une solution pour transporter l’ensilage sans salir les routes (lire l'encadré). Puis face à la demande grandissante, j’ai fini par créer une prestation avec une ensileuse trois ans plus tard. »

Thibaut Flament a développé une prestation d’ensilage grâce à des machines à chenilles. (©  Thibaut Flament)

Adapté au contexte local

« Quand j’investis dans une solution, j’aime bien me démarquer, nous confie l’entrepreneur. Dans le secteur, beaucoup ont des chenilles sur leurs moissonneuses-batteuses, pour le poids mais aussi le gabarit. Je me suis dit que j’aillais faire pareil avec l’ensileuse. » La première ensileuse à chenilles est ainsi arrivée en 2019. Depuis 2022, le parc se compose de trois Jaguar Terra Trac. Les chenilles offrent plusieurs avantages, de la portance dans les parcelles mais également un gabarit routier moins large. L’entreprise possède une grande partie de son activité dans le nord de la Seine-et-Marne, un secteur périurbain très proche de la capitale et de son flux de population. « On est à la campagne mais en Région parisienne, donc la ville n’est pas loin, rappelle Thibaut. Le gabarit routier doit rester limité pour passer dans les villages. »

Utile aussi au printemps

« Nous avons deux périodes d’activité :  au printemps avec les céréales immatures et à l’automne avec le maïs. Au final, les chenilles ont clairement un avantage au printemps. En effet, mes clients recherchent des parcelles avec une structure propre pour implanter du maïs derrière, dans les meilleures conditions. La plupart sont équipés de strip-till. Ils ne passent donc qu’une seule fois, mais cela requiert un champ sans ornière. » Les printemps pluvieux de ces dernières années n’ont pas facilité les choses et donnent raison au choix de l’entreprise. Pour la récolte de ces céréales immatures, les ensileuses sont équipées de coupe directe Capello de 6,10 m. « J’ai choisi cette technique car tout est fait en un passage et avec une machine. C’est également un plus en conditions humides », appuie Thibaut.

Pour ensiler les céréales immatures, les machines sont équipées de coupe direct Capello de 6,10 . (©  Pierre Peeters/GFA)

« En conditions difficiles, les bennes marquent avant l’ensileuse, même si on essaye de ne pas trop les charger et de limiter la pression dans les pneumatiques », constate Nicolas Robin, l’un des chauffeurs. Pour ce dernier, les chenilles apportent également un certain confort au travail. « Dans les parcelles, elles absorbent mieux les irrégularités et les ornières qu’un pneumatique. » Le saisonnier y voit un autre avantage, pratique cette fois, « Avec presque un mètre de châssis en plus, on a clairement plus de place pour accéder aux différents organes de la machine. De même pour dételer la coupe, l’accès est plus simple. » Un point non négligeable, car les coupes directes réservées aux céréales immatures, sont décrochées presque systématiquement lors des changements de parcelles.

Même en conditions humides, les passages de l'ensileuse marquent peu le sol. (©  Pierre Peeters/GFA)