La récolte en deux temps est bien connue des plus anciens, elle a été la règle pendant des siècles d’agriculture. Oubliée avec l’essor de la mécanisation, elle est remise au goût du jour depuis quelques années. La Cuma L’Union, basée à Romillé en Ille-et-Vilaine (35), offre cette possibilité à ses adhérents depuis 2021. « Ils y trouvent un intérêt en qualité de récolte, explique Cédric Gortais, chauffeur à la Cuma. La maturité est meilleure et plus homogène, c’est plus propre et l’humidité est mieux gérée. » En plus des céréales et du colza, la technique est utilisée sur le sarrasin, notamment par des adhérents en agriculture biologique.
Avec cette solution, la récolte est fauchée et andainée lors d'un premier passage. Elle reste ensuite en andain durant huit à quinze jours, avant d'être récupérée et battue par une moissonneuse-batteuse. Cette dernière est alors munie d'un pick-up adapté. Cette séparation de la fauche et du battage, assèche la récolte et homogénéise la maturité. Les risques de mycotoxines sont ainsi limités, tout comme le salissement de la culture. Cette solution s’avère particulièrement intéressante pour le sarrasin. En effet, ce dernier présente des problèmes d'homogénéité de maturité et peut être difficile à récolter.

Environ 2 ha/h
La Cuma bretonne utilise une faucheuse-andaineuse de marque Idass. Cette machine se rapproche d'une barre de coupe à tapis pour moissonneuse-batteuse. La récolte est ainsi coupée avec un système à section aidé d'un rabatteur, puis andainée sur le côté gauche grâce à un tapis roulant. La faucheuse-andaineuse est attelée sur le relevage avant du tracteur, ici un Deutz-Fahr de 215 ch. « Ce n’est pas forcément très gourmand en puissance, mais il faut que le tracteur puisse lever la machine » souligne le jeune chauffeur. Cette dernière travaille sur une largeur de 4,5 m, elle façonne un andain d’un peu moins d’1 m de large.

La vitesse d’avancement varie suivant la culture concernée, le volume de biomasse et la verse éventuelle. « Au maximum, nous pouvons avancer jusqu’à 10 km/h dans les belles longueurs et dans des conditions idéales, poursuit Cédric. Il ne faut pas aller trop vite pour éviter d’égrainer la culture, et limiter les bourrages. Cela peut arriver dès qu’il y a un peu de verse, ou un peu trop de matière. » Dans ce cas, Cédric joue avec le rabatteur, pour l'éloigner ou le rapprocher du tapis. "Je pilote sa position directement avec les distributeurs du tracteur. Sur le sarrasin, il est généralement sorti à fond, précise-t-il. Quand ça bourre, je stoppe le tracteur et rapproche le rabatteur, la matière est alors rapidement évacuée par le tapis." Le chauffeur constate un débit de chantier moyen d’environ deux hectares par heure. Arrivé cette année à la Cuma, le jeune breton a été formé sur l’utilisation de cet outil en quelques minutes. Il a trouvé sa prise en main assez facile.

Centrale hydraulique
Pour éviter de trop solliciter le circuit hydraulique du tracteur, le système est muni d'une centrale hydraulique attelée sur le relevage arrière du Deutz. Branchée sur la prise de force, elle anime les différents organes en mouvement. Un ventilateur assure le refroidissement de l'huile, dont la sollicitation peut être intense sur des récoltes de culture parfois compliquées en période estivale. Une rampe regroupant les flexibles hydrauliques, longe le côté droit du tracteur pour relier la centrale à la coupe. « Elle est posée et sanglée au niveau des marches de la porte droite, décrit Cédric. » L’installation de celle-ci est la partie la plus longue de la phase d'attelage, mais la manipulation se fait au total en moins de 15 min d’après le chauffeur.

Pour se déplacer entre les parcelles, la coupe est décrochée sur un chariot. Ce dernier est ensuite attelé directement sur la centrale hydraulique. L’étape la plus technique est l’alignement de l'anneau d'attelage, avec la chappe présente sur la centrale. La Cuma a installé un rétroviseur pour faciliter cette manœuvre. Un coupleur et des prises push-pull, simplifient l’appariement des flexibles hydrauliques.


