L’arrachage des betteraves sucrières est mécanisé depuis les années soixante, et les techniques ont depuis beaucoup évolué. Hier, trois tracteurs étaient nécessaires pour arracher et charger, alors qu’aujourd’hui une seule machine automotrice est capable d’engloutir dans sa trémie plus de 30 t de racines.
Là ou le bât blesse, c’est leur poids, elles sont lourdes, et surtout leur coût, elles sont chères, voire très chères.
Actuellement, acheter un automoteur de récolte des betteraves pour son utilisation personnelle est pratiquement inenvisageable. Les automotrices, autrefois légion en France (lire encadré ci-dessous) ont laissé place à des intégrales dont le prix frôle le plus souvent les 400 000 €. Elles sont principalement destinées aux ETA et grosses Cuma.
Les coûts d’arrachages sont d’autant plus surveillés actuellement qu’avec l’arrêt des quotas, il plane une plus grande incertitude sur les prix. Les planteurs souhaitant conserver leur indépendance ne disposent de ce fait que de peu de possibilités : acheter une automotrice d’occasion, ou passer sur un système d’arrachage en chantier décomposé. Ce dernier, qui est la solution historique, trouve toujours des adeptes, et plusieurs constructeurs suggèrent encore des solutions. Certains développent même de nouveaux concepts.
Solutions qui évoluent
Parmi les différents protagonistes, on cite les belges Gilles et CMG, qui proposent des chantiers décomposés avec l’effeuilleuse à l’avant du tracteur, et l’arracheuse aligneuse à l’arrière.
Pour ramasser, deux techniques s’offrent à l’agriculteur. La première est l’utilisation d’une chargeuse, à laquelle il faudra ajouter des ensembles tracteur-benne. Le coût d’achat de cette solution est très avantageux, et le besoin de traction faible. Seulement, elle impose de la main-d’œuvre pour conduire les bennes qui vont suivre la chargeuse. La seconde technique est l’utilisation de débardeuses soit traînées, soit automotrices. Les premières sont souvent volumineuses, et donnent une certaine autonomie. En revanche, elles sont onéreuses, et demandent de la puissance.
Franquet importe depuis peu une débardeuse de 20 m3, fabriquée par l’espagnol Mace, plus compacte et équipée d’un déchargement latéral. Il est ainsi possible de vider les betteraves dans une benne. Les débardeuses automotrices sont également coûteuses, et ont de plus l’inconvénient d’un moteur qui « dort » une partie de l’année.
Hormis les besoins en main-d’œuvre et en tracteurs, l’un des désavantages du chantier décomposé est l’obligation d’utiliser un tracteur équipé de roues étroites. Afin de pallier ce problème, Franquet a développé le système X Beet. L’effeuilleuse et l’arracheuse aligneuse sont regroupées en une même machine qui arrache les betteraves, tout en conservant les roues larges du tracteur. Attention, cependant, au poids important de l’ensemble : nous avons rencontré un utilisateur de l’engin qui avait résolu le problème en attelant l’XBeet sur le relevage arrière avec un tracteur en poste inversé.
Engins Américains
Les coopératives betteravières développent aussi des chantiers décomposés. C’est le cas de Saint-Louis Sucre qui suit, par exemple, un entrepreneur travaillant avec une arracheuse chargeuse Alloway de 12 rangs. De son côté, Tereos a organisé une démonstration avec une arracheuse chargeuse Amity de 6 rangs. Ces deux machines arrachent et chargent, mais il faut effeuiller avant, et donc travailler en roues étroites. Elles sont toutes deux importées des États-Unis. La seconde est en attente d’une homologation pour la France. Sur le même principe, Grimme propose la Rootster, qui travaille sur 6 rangs.
Pierre Peeters