Cultiver des cellules végétales pour obtenir des fruits sans arbres ou sans vignes ? L’institut de recherche public néo-zélandais Plant and Food Research a annoncé en septembre 2023 des essais initiaux dans ce but, utilisant des cellules de myrtilles, de pommes, de cerises, de feijoas, de pêches, de nectarines et de raisin. Et ils ne sont pas les premiers à avoir eu cette idée.

En 2018, des chercheurs finlandais avaient développé des cultures de cellules végétales de divers fruits rouges (mûres et airelle rouge), avec des propriétés nutritionnelles au rendez-vous. Plusieurs start-ups, essentiellement américaines ou israéliennes, tentent elles aussi de produire des plantes in vitro (lire l'encadré).

Production complémentaire aux fruits en champs

C’est en réponse à une série d’événements extrêmes en Nouvelle-Zélande qui ont détruit des récoltes, et à la faveur du dérèglement climatique, combiné à une demande croissante en alimentation au niveau mondial, que l’idée a émergé chez l’équipe néo-zélandaise.

Pour les chercheurs, en plus d’une culture alternative, complémentaire à la production en verger, ces recherches pourraient profiter à la production de meilleures variétés de fruits. Les travaux, qui ont démarré il y a environ deux ans, visent en effet à mieux comprendre les cellules des fruits.

Plutôt à destination de l’industrie alimentaire ou des grands centres urbains, les cellules végétales et leurs versions séchées offrent des opportunités dans la création de nouveaux types de produits et d’ingrédients alimentaires, tels que des smoothies, des compotes et des snacks.

Pour leurs partisans, ces aliments pourraient avoir une valeur nutritionnelle plus élevée et être moins chers à produire. Parmi les autres avantages avancés : la réduction du gaspillage alimentaire, puisque seules les parties comestibles du fruit seront cultivées en laboratoire. Les parties habituellement jetées, comme les pépins d’une pomme et l’écorce d’une orange, ne seront pas développées.

Des verrous techniques à lever

Les aliments à base de cellules ont encore du mal à obtenir la même texture, le même goût et la même valeur nutritionnelle que les variantes conventionnelles. Et, comme pour la viande artificielle, des verrous techniques subsistent à la production à échelle industrielle.

Mais il sera peut-être plus facile que pour la viande de laboratoire de passer à la preuve de concept et de la production à petite échelle à une production à plus grande échelle. Les cellules végétales étant, grâce à leur paroi, moins fragiles que les cellules animales, le développement dans des bioréacteurs industriels devrait être plus aisé.

Des recherches supplémentaires restent nécessaires. Le programme néo-zélandais en est d’ailleurs encore aux tout premiers stades de développement. Et, avant de mettre à la disposition des consommateurs ses fruits de laboratoire, il devra franchir des obstacles réglementaires. Autre frein, bien sûr : la perception des consommateurs vis-à-vis de ces nouveaux aliments.