Chaque année, l’automne signe le retour des étourneaux sansonnets au Gaec du Sapin situé à Gorges dans la Manche. Ainsi, du 15 octobre 2023 au 15 mars 2024, environ 700 000 de ces oiseaux migrateurs ont élu domicile dans la tourbière de Baupte à un kilomètre de l’élevage laitier. Un effectif multiplié par 2,5 en dix ans.

Refermer le silo tous les jours

Comme 500 exploitations de la Manche et du Calvados, les quatre associés subissent la pression de ces oiseaux devenant granivores face à la raréfaction des insectes. « Nous devons refermer notre silo de six mètres de hauteur chaque matin, ce qui mobilise du temps et présente un risque d’accident », explique Denis Lecocq, un des éleveurs.

Le troupeau compte 220 vaches traites, des normandes pour 75 % de l’effectif. L’installation du neveu de Denis Lecocq a été l’occasion de les reloger et d’opter pour un bâtiment fermé. Ventilations grillagées et cache-moineaux ont été complétés par des closoirs obturant les tôles, des bavettes équipant les portes électriques ainsi que des bardages en tôle perforée.

Abandon du blé d’automne

Plutôt satisfaits de ces investissements, les associés du Gaec subissent néanmoins la présence des volatiles sur l’ancien site où sont logées les génisses. Ils ne distribuent plus de maïs qu’ils ont remplacé par de l’ensilage d’herbe. Exploitant 195 hectares, ils ont aussi abandonné la culture de blé d’automne. « S’ils n’arrivent pas à accéder à la graine lorsque nous semons plus profond, les étourneaux tirent les plantules dès leur apparition », se désole Denis Lecocq.

Ces concessions affectent durement les Manchois qui ont tout essayé. « Les canons occasionnent des nuisances sonores alors que les étourneaux s’en accommodent en moins de deux semaines », observe l’éleveur. Antoine Métayer, directeur de la FDGDON (1) de la Manche, admet une impasse technique face à des phénomènes d’habituation rapide à tous les systèmes testés.

Même la chasse doit être au moins hebdomadaire. « En ce début de décembre, les migrations ne sont pas encore terminées, ajoute Antoine Métayer. Nous ne sommes pas en mesure d’estimer les effectifs de cet hiver. » Sur le site du Gaec du Sapin, la présence des étourneaux ne fait déjà aucun doute.

(1) Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles.