Ala suite d’une année à forte pression pucerons sur céréales, Arvalis teste de futurs moyens de lutte alternatifs aux produits de synthèse. Ainsi, outre la tolérance variétale (en orge d’hiver seulement), le décalage de la date de semis et les insecticides (en traitement de semence ou en végétation), l’institut expérimente notamment la lutte directe avec des produits de biocontrôle. L’utilisation d’argile kaolinite constitue une barrière physique inerte à la surface du végétal qui gêne et repousse les adultes de pucerons. « Mais l’efficacité reste insuffisante, précise Régis Hélias, ingénieur Arvalis. De son côté, la pulvérisation d’huile minérale avec de petites doses de phytos donne des résultats prometteurs. Cette technique, qui permet de baisser la quantité de matière active par hectare, sera à nouveau expérimentée. »
Barrière physique
Des plantes de service qui présentent un effet répulsif sur les insectes sont aussi testées. « D’après les premiers résultats de 2015, il y aurait moins de pucerons sur l’orge en présence de festulolium endophyté, » note Régis Hélias. Concrètement, la plante fourragère (lire onglet) est semée début septembre. Quand l’orge est ensuite semée, le festulolium a déjà une feuille, ce qui attire les pucerons et crée ainsi une barrière physique efficace. Les champignons présents dans les feuilles du festulolium sécrètent une mycotoxine néfaste au puceron. Quand il pique la feuille, il meurt. Ensuite, alors que le froid fait baisser le risque puceron, un désherbage anti-graminée permet d’éviter une concurrence trop forte entre le festulolium et la céréale. « C’est un axe de recherche très prospectif, encore loin du développement, précise l’ingénieur, mais c’est une piste à travailler. » De nouveaux essais seront reconduits cette année avec les semences des sélectionneurs néo-zélandais (lire onglet).
Autre piste : la détection précoce des virus. « Tous les pucerons ne sont pas virulifères, précise Régis Hélias. L’enjeu est de savoir reconnaître lesquels le sont ou pas. » L’idée serait donc de capter certains pucerons et de les envoyer au laboratoire d’analyses. Malheureusement, le temps de faire les analyses, le mal est souvent déjà fait. À moins d’aller vers des analyses plus rapides, cette piste n’est donc pas très fiable, d’autant qu’« il existe plein d’espèces, et sur le nombre, certains sont forcément porteurs du virus de la JNO », estime l’ingénieur.
Quant à la tolérance variétale à la JNO sur blé tendre, « ça vaut vraiment le coup de prospecter car, sur le terrain, on note des différences de comportement », estime Régis Hélias. Avis aux semenciers…