Les loups colonisent le plateau de Millevaches et les éleveurs de cette zone à cheval sur les départements de la Creuse, de la Corrèze et de la Haute-Vienne souhaitent le faire savoir. Ils ont créé l’association de défense des éleveurs des Millesources et se sont réunis le 15 avril 2025 à la mairie de Pérols-sur-Vézère (Corrèze), l’épicentre des attaques du moment. La jeune association avait participé au Comité loup de Corrèze organisée par le préfet en présence des représentants agricoles (syndicats, chambre..) et des associations de défense de la nature.

« Toutes les communes du plateau sont désormais classées en zone de présence permanente (ZPP), indique la présidente de l’association, Marjolaine Merens. Ce ne sont plus des loups de passage qui « cartonnent » nos brebis et nos veaux, ce sont des individus installés. » Un mâle et une femelle ont été observés ensemble à plusieurs reprises. L’un serait d’origine germano-polonaise et l’autre issue d’une lignée italo-alpine, ce qui réjouit les associations « environnementalistes ». Aucune reproduction n’a pour l’instant été attestée. Un autre loup, de plus grande corpulence a aussi été signalé par plusieurs personnes.

Classement en cercle 2

« Toutes les communes du Plateau sont classées en cercle 2, précise la présidente. Les éleveurs peuvent donc prétendre aux aides pour acheter des chiens. Ce classement pourrait toutefois évoluer d’ici le mois de mai. Des communes pourraient passer en cercle 1. Ce qui permettrait aux éleveurs d’accéder aux aides de gardiennage, en plus de celles pour financer le chien de protection ou les clôtures accordées en Cercle 1.

Si le préfet a accordé un tir de défense à des éleveurs ovins en fonction de la pression des attaques, « les éleveurs bovins n’y ont pas droit pour l’instant », souligne Marjolaine Merens. Certains d’éleveurs sont furieux de ne pas pouvoir défendre leurs bovins. Pour les éleveurs mixtes, la parade pourrait consister à mélanger les troupeaux, même si la solution reste compliquée dans bien des situations. Les associations environnementalistes, Carduelis en particulier, maintiennent une pression importante sur les autorités pour la suspension de ces arrêtés. « Si nous voulons garder l’écoute du préfet, nous devons agir en respectant la loi », ajoute le secrétaire de l’association.

Relire les constats avant de les signer

En cas d’attaques sur les ovins du Plateau aujourd’hui, la responsabilité du prédateur est souvent reconnue par les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB). « Hors Plateau, en revanche, et sur bovins, nous devons être très vigilants sur la manière dont sont remplis les constats, alerte Marjolaine Mérens. Si les renseignements indiqués sont imprécis, l’agent de la DDT ne pourra pas statuer. Le constat comprend 12 pages sur le téléphone des agents et avant de signer, il est important de tout vérifier. » En cas de perforation par exemple, l’éleveuse conseille de prendre les mesures avec les agents de l’OFB. Si des éclats d’os sont présents, ils doivent également être notés. Tout comme la présence d’empreintes ou de poils sont relevés à proximité du cadavre. « Il est important de faire le tour de la parcelle avant de parapher le document également, ajoute-t-elle. Mieux vaut également se faire accompagner d’un ami ou du maire de sa commune par exemple…»

La gendarmerie accompagne aussi les éleveurs du Plateau. « Nous dressons un rapport que nous envoyons à la préfecture, » signale le commandant de la gendarmerie de Bugeat, présent lors de la réunion. L’initiative de cette gendarmerie ne semble toutefois pas généralisée dans le département. « Il faut bâcher les cadavres dès leur découverte pour éviter que d’autres animaux ne viennent fausser les constats », préconise Marjolaine Merens. La saison de pâturage s’annonce mouvementée dans ce secteur qualifié de 5 étoiles pour le prédateur.