« Nous demandons à l’État de financer une action de communication télé et radio pour informer le grand public en particulier sur le rôle des chiens protection », déclare Denise Leiboff, présidente de la Fédération nationale des communes pastorales (FNCP). La responsable était auditionnée le 21 mars 2024 par la mission parlementaire sur le rôle du pastoralisme dans l’aménagement du territoire, les causes de son déclin et les conséquences pour le développement durable des territoires ruraux.
« Des meutes de chiens pour se défendre des meutes de loups »
Depuis l’arrivée des loups sur son territoire, il y a près de 30 ans, l’élue a vu la prédation prendre de plus en plus d’ampleur. « Aujourd’hui, la pression est telle que les éleveurs doivent installer des meutes de chiens pour se défendre des meutes de loups », explique-t-elle.
« Les communes les plus riches ou les parcs naturels emploient des médiateurs dans les territoires pour expliquer le rôle du chien de protection, mais tout le monde n’a pas les moyens de se les offrir, poursuit-elle. Souvent les gens pensent que la montagne est à tout le monde, mais ils ne savent pas que l’éleveur paye pour faire pâturer ses animaux. »
L’édile constate aussi plusieurs excès. Certains maires, par exemple, privilégient les éleveurs et interdisent les sentiers de randonnée pendant une certaine période de l’année, tandis que d’autres misent sur le tourisme et ne renouvellent plus les baux de convention de pâturage.
Il y a aussi ceux qui louaient des terrains à des éleveurs ovins et caprins et qui n’acceptent aujourd’hui que des éleveurs bovins car, souvent, ils n’ont pas de chiens de protection. Ils laissent ainsi les « bailleurs historiques » sans solution pour nourrir leurs animaux.
Sortir du carcan administratif
« Nous préconisons aussi de sortir du carcan administratif et de permettre aux éleveurs de protéger leur troupeau, ajoute Denise Leiboff. Dès qu’il y a une attaque de loups, l’éleveur doit pouvoir tirer. Et tirer ne veut pas dire prélever. Cela veut dire réapprendre au loup à avoir peur de l’homme, d’autant que Canis lupus n’est plus en une espèce en danger. »
Denise Leiboff estime que la modification du statut du loup serait l’idéal. « Nous nous battons aussi pour que les louvetiers aient un véritable statut. Ce sont aujourd’hui des bénévoles, qui après leur journée de travail vont aider les éleveurs, la situation est très compliquée », constate-t-elle.
700 communes
La Fédération nationale des communes pastorales a été créée en 2016, et regroupe aujourd’hui 700 communes réparties dans toute la France. Elle siège dans des comités loups au niveau des départements, mais espère entrer cette année dans le groupe national loup.
Parmi ses revendications, elle souhaite que dans tous les documents d’urbanisme, des zones pastorales protégées soient définies. « Ce sont des zones réservées aux éleveurs, explique Denise Leiboff. Ce sont les premiers à préserver la biodiversité. »
La pédagogie est un des axes important de travail des communes pastorales. Un document intitulé « Et si je devenais pastre » devrait sortir en mai prochain. Son ambition est de faire naître des vocations pour renouveler les générations de bergers.