« Le semis de prairie sous couvert au printemps permet de gagner du temps sans attendre la récolte de la culture, explique Amandine Guimas, conseillère en agriculture biologique à la chambre d’agriculture de la Normandie. Testée en bio, cette pratique est adaptée en conventionnel mais exclut le désherbage de la culture en place. »
La technique a donné de très bons résultats en bio pendant trois ans à Villers-Bocage, dans le Calvados, dans le cadre du programme « Reine Mathilde », en sols limono-argileux profonds avec une pluviométrie annuelle de 850 mm. Et ce tant sous couvert d’un mélange de pois-féverole que sous une orge de printemps. « Elle n’a pas d’impact négatif, ni sur la culture, ni sur la prairie, précise Amandine Guimas. Le salissement est réduit comparativement à une prairie semée seule à l’automne. »
Sous orges ou protéagineux de printemps
Le mélange prairial multi-espèces testé, semé à 25 kg/ha, est le suivant : 5 % de fléole des prés tardive, 55 % de ray-grass anglais demi-tardif à tardif (diploïde et tétraploïde), 10 % de fétuques des prés demi-tardives, 5 % de trèfle hybride, 5 % de trèfle blanc (TB) nain, 10 % de TB intermédiaires, 5 % de fétuque rouge et 5 % de pâturin des prés.
« Le choix des espèces est important, insiste la conseillère. Certains trèfles annuels par exemple seront plus agressifs pour la culture que des espèces pluriannuelles. » Amandine Guimas recommande également de « soigner l’implantation de la prairie, qui peut représenter un coût d’environ 250 €/ha ». Les graines doivent être déposées en surface, sur une terre affinée si c'est nécessaire. Un semis avec une herse étrille équipée d’un semoir à la volée est généralement privilégié.
Dans l’essai, l’orge a été semée à une densité de 300 grains/m². « Il convient de décaler la mise en place de la prairie au stade trois feuilles de la céréale pour éviter que les espèces à croissance rapide ne posent problème à la moisson », indique Amandine Guimas. Afin d’affiner la terre en surface ou de désherber, un passage de herse étrille peut être réalisé avant le semis de la prairie et un roulage. Dans le cadre de l’expérimentation, aucun impact sur le rendement de l’orge n’a été noté.
Une culture de pois protéagineux et féverole de printemps, respectivement à 70 et 15 grains/m², s’avère également adapté. Dans ce cas, le semis de la prairie peut être consécutif à celui des protéagineux. Pour éviter tout préjudice pour la prairie, la culture devra être ensilée lorsque les pois sont encore croquants et sucrés. Le semis de prairie sous un mélange de pois-féverole d’hiver est en revanche déconseillé car il a tendance à étouffer la jeune prairie.
Après l’une ou l’autre de ces cultures, une première exploitation de la prairie en fauche ou pâturage est possible dès septembre ou octobre. « La pleine production est atteinte l’année suivante comme pour un semis d’automne », conclut Amandine Guimas.