« Ces prairies ne valent pas rien sur le plan nutritionnel. Avec des pratiques appropriées, leur valeur peut encore augmenter ! », s’exclame Sarah Mihout, formatrice à Scopela et animatrice du Réseau Pâtur’Ajuste. Lors d’une formation organisée à Saint-Plancard, en Haute-Garonne, par l’association Aremip, elle a livré quelques conseils.

Le premier est d’observer sa prairie. « Il faut identifier ses spécificités par rapport aux autres parcelles de la ferme, et donc évaluer les complémentarités. Sont à surveiller le démarrage de la pousse, la vitesse de croissance, la rapidité de la repousse après le pâturage… » (1). Première indication : « Plus l’herbe est verte, plus elle est riche et digestible ».

Pour tester la qualité de l’herbe, il est possible d’en saisir une poignée et de la rouler dans la main : « si elle ne part pas en miettes, elle vaut encore quelque chose, même si l’herbe est jaune », schématise Sarah Mihout. Pour un système résilient, « une diversité végétale intra et interparcellaire est à rechercher, avec aussi bien des plantes capables de pousser et repousser rapidement (raygrass, dactyle) que des espèces poussant plus lentement mais qui se maintiennent quand il fait chaud (molinie, joncs…). »

Habituer les animaux aux fibres

Une fois le fonctionnement de la végétation repéré, « l’éleveur doit définir les objectifs de ces prairies humides, notamment sur trois points : la saison de pâturage, la dynamique de végétation recherchée et les besoins alimentaires des animaux ». Il est important d’habituer ces derniers à une alimentation riche en fibres dès le plus jeune âge.

Concernant le moment souhaité pour pâturer, deux choix arrivent souvent en tête : faire de la prairie une zone tampon au cours du printemps si ce dernier est séchant ou la dédier à la saison estivale voire aux fins d’été, lorsque l’herbe peut manquer ailleurs. Dans cette seconde hypothèse, « l’idée est de maintenir la valeur nutritionnelle de l’herbe jusqu’à octobre, déclare la formatrice. Pour cela, il convient de miser sur des espèces lentes à se développer et qui maintiennent l’appétence. » Les plantes précoces devront alors être pâturées au printemps pour stimuler leur repousse et faire de la lumière aux espèces recherchées.

Autre solution, « ne pâturer qu’une partie de la végétation l’été. Il y aura un reste de matière qui servira de protection pour anticiper les repousses automnales », présente Sarah Mihout. Avec combien d’UGB/ha ? Là encore, pas de réponse unique : « On est dans l’observation, en donnant des critères d’entrée et de sortie de parc, résume la formatrice. Ces critères varient selon l’objectif : le piétinement, le niveau de finition du parc, le comportement de l’animal… »

Car il s’agit aussi de pénaliser certaines espèces. « On vient faire pâturer cette végétation au démarrage de sa pousse et on l’empêche de reconstituer ses réserves en revenant à chaque fois qu’elle relance une croissance ».

(1) Des ressources techniques sont disponibles gratuitement sur le site internet de Pâtur’Ajuste (paturajuste.fr) pour réaliser cet autodiagnostic.