À la mi-juillet, des agriculteurs du groupe d’échange Agro-réseau 64 de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques assistaient à une démonstration de récolte de graines par brossage d’une prairie. Le site choisi : une parcelle d’environ un hectare, sur un côteau difficile d’accès parce que entouré de bois.
« Elle est en l’état depuis au moins vingt ans, jamais ressemée, explique sa propriétaire, Michelle Cazadoumecq, éleveuse à Lasseube. Je fais juste des apports d’urée et de chaux. » Les graines récoltées serviront pour ensemencer des bords de champs dans le cadre d’un projet agroécologique, pour la restauration et l’entretien des bordures, ou en sursemis de prairies.
Une brosse de 2,70 m
L’outil utilisé pour cette récolte est un « Pictagraine ». Avec sa brosse de 2,70 m de largeur — type brosse de voirie — entrainée par l’hydraulique du tracteur, il est attelée sur le relevage avant. En fouettant les herbes sur pieds, la brosse détache les graines mûres qui retombent dans son bac de récolte. « Sur du plat, on évolue à 4 ou 6 km/h au maximum, explique Victor Basly, de Semence Nature (Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées), la société missionnée pour cette démonstration. Au-delà, on perdrait du potentiel de récolte. » Le bac est vidé au fur et à mesure au-dessus d’une bâche.
Le contenu est tamisé grossièrement sur place, à l’aide d’un rouleau grillagé de fabrication artisanale, posé sur des tréteaux, que l’équipe tourne à la main. La collecte doit sécher naturellement pendant une dizaine de jours, étalée sur une bâche à l’abri. « Une fois les impuretés triées, on obtient un cortège de semences d’origine locale, prêtes à l’emploi ou que l’on peut amender avec des semences de fleurs sauvages », précise le prestataire.
La brosseuse permet d’aller dans des zones qui sont difficiles d’accès pour les moissonneuses-batteuses, de récolter des bordures ou de cibler les zones de récoltes. « Dans les prairies du Sud-Ouest, on récolte généralement une trentaine de kilo par hectare. » Il existe aussi un modèle version « piéton » monté sur des roues de vélo, autotracté, fonctionnant avec des batteries électriques : la Ebeetle, machine de fabrication suisse. Elle est « pratique pour des endroits inaccessibles en tracteur ou sur une végétation plus rase ».
Créer des prairies naturelles
Le but est de préserver et créer des prairies naturelles, de réenherber des milieux à l’aide d’espèces endémiques, chez les agriculteurs, des collectivités, etc. « On cherche des prairies comme celle-ci, sans semences exogènes. Le plus souvent, on partage la récolte avec le propriétaire. Sinon on récupère tout moyennant rémunération de l’agriculteur (150 €/ha environ). Il nous arrive aussi de prêter l’outil. »
Ramasser les graines à bonne maturité implique un retard de fauche : « Pour concilier au mieux récolte et fauche, on se positionne sur un créneau au début de juillet qui permet de collecter les graminées phares (dactyles, fétuques, fléoles, etc.). Pour une flore plus spécifique de début ou de fin de saison, il faut forcément adapter, imaginer de passer deux fois, accepter de perdre une partie du foin… Tout dépend de ce que l’agriculteur souhaite faire. » La fauche se pratique simplement « à rebrousse-poil » pour rattraper les herbes couchées par les passages de roues.