« Il ne faut pas hésiter à faucher haut », insistait Patrick Van Iersel, à la tête de 1 150 chèvres et 400 brebis à Jars, dans le Cher, avec ses deux frères Dennis et Joël. La qualité du fourrage est une priorité pour les associés qui accueillaient les rendez-vous à la bergerie le 29 avril 2024 organisé dans le cadre du Cap filière ovins Région Centre-Val de Loire.

Les trois frères « traquent » la moindre moisissure avant d’incorporer le fourrage dans la mélangeuse. Pour éviter d’en jeter, ils ont mis en place des règles dès la récolte et fauchent en particulier à plus de 8 cm au-dessus du sol. L’intérêt est multiple. « Cela permet d’avoir une meilleure repousse, indique Yvan Lagrost, de la chambre d’agriculture du Cher. Le risque d’incorporer de la terre, de la fauche à la récolte, est moins important et cela facilite le séchage. »

Reste qu’avant le début de mai 2024, les fenêtres de beau temps pour récolter à un stade jeune étaient rares. Or, « plus le stade est jeune, plus il y a de sucres et donc meilleure est la conservation », souligne Yvan Lagrost. Pour de la luzerne, le but est de faucher au stade du bourgeonnement. Il faudra aller vite dans les prochains jours, car il est important de couper suffisamment tôt pour ne pas perdre en productivité. En fauchant trop tard, il y a un risque de récolter seulement trois coupes au lieu de quatre.

55 % de matière sèche

Le taux de matière sèche à viser pour de l’enrubannage est de 55 % environ. « Si le fourrage est trop humide, il y a un risque sanitaire en petits ruminants », ajoute Yvan Lagrost. Si le fourrage est trop sec, l’air peut s’immiscer dans la balle et cela augmente le risque de moisissures. Si les conditions météo le permettent, mieux vaut alors attendre 85 % de MS et le récolter en foin.

Une dizaine d'éleveurs étaient présents le 29 avril au Gaec du Pont à Jars dans le Cher pour échanger sur les bonnes pratiques de l'enrubannage. (©  Marie-France Malterre)

Les bottes d’enrubannage doivent être denses et régulières. « Mieux vaut une presse à chambre variable pour comprimer le fourrage depuis le début, signale Patrick Van Iersel. Même si film plastique est cher, l’important est avant tout de réussir sa récolte. Pour l’enrubannage de luzerne ou de prairies de « mélanges suisses », nous faisons 8 tours de film de 25 microns d’épaisseur. » Chaque bande posée recouvre la moitié de la précédente.

Mieux vaut stopper le chantier dès la première goutte de pluie, sinon les couches ne collent plus les unes aux autres. « Et quand on enrubanne aussitôt après le pressage, le risque de déformation des bottes est moindre, précise Yvan Lagrost. Le stockage sur une surface plate et bétonnée, à distance du hangar à paille, limite la présence des rongeurs. Pour l’incorporation dans la ration, mieux vaut attendre trois ou quatre semaines pour que le fourrage soit bien stabilisé. »