« Notre objectif est de produire, avant l’implantation du maïs, un fourrage de bonne valeur alimentaire pour limiter l’utilisation du colza, explique Mathieu Gérard du Gaec de la Grosserie à Beaulandais (Orne). Ensilées, les dérobées fourragères sont distribuées aux vaches laitières et aux génisses. » Sur les 155 hectares de l’exploitation, Mathieu et Hugues Gérard cultivent 36 hectares de maïs dont 20 hectares après une culture dérobée.

Le triticale tire son épingle du jeu

« Nous avons beaucoup d’effluents sur l’exploitation, précise Mathieu Gérard. Aussi, toutes les dérobées sont implantées après un apport de fumier ou lisier, soit environ 50 unités d’azote. » En 2022, le Gaec a implanté pour moitié un mélange composé de 20 kg de ray-grass italien et de 10-12 kg de trèfle incarnat. Le deuxième mélange était composé de 80 kg de triticale pour 20 kg de trèfle.

« Ce dernier nous a apporté un point de MAT (1) en plus, sans écart significatif de rendement, indique Mathieu Gérard. Le triticale a laissé plus de place aux légumineuses et a facilité la reprise de terre. » Autre argument en sa faveur, « avec le ray-grass, nous avons des problèmes de résistances, mais aussi des inquiétudes sur le prélèvement dans la réserve en eau qui peut être préjudiciable au développement du maïs. »

Le seigle à l’essai

Sur la campagne de 2022-2023, le Gaec de la Grosserie a accueilli 14 modalités d’essais (2) de dérobées avant maïs des chambres d’agriculture de la Normandie. Hugues Gérard a suivi cette expérimentation avec intérêt : « Nous avions exclu le seigle de peur que le maïs ne souffre trop. »

Le seigle pur ou en mélange à plus de 70 % avec vesce et trèfle a affiché des rendements de 3,4 à 5,7 tonnes de matière sèche par hectare (MS/ha). Il figurait juste après les ray-grass sur ce critère et devançait les avoines et triticales purs ou en mélange.

Pour un rendement supérieur à 4 tonnes de MS/ha avec une fertilisation de 30 unités d’azote, le mélange de 72 de % seigle, 15 % de trèfle et 13 % de vesce offre une MAT de 148 g/kg de matière sèche. Seul le ray-grass italien ayant reçu 90 unités d’azote donne des résultats similaires.

Conseillère en agronomie et productions végétales aux chambres d’agriculture de la Normandie, Élise Vandermeersch souligne toutefois, concernant le seigle : « Le risque de piétin échaudage est élevé dans le cas de rotations avec une forte proportion de céréales. Il devra être semé autour du 15-20 septembre. Enfin, sa densité doit être maintenue autour de 50 kg/ha pour assurer un rendement correct. »

(1) Matières azotées totales.

(2) Avoine, RGI, seigle et trèfle ont été cultivés en pur, ainsi que dix mélanges incluant suivant les cas : avoine, phacélie, radis, ray-grass italien, seigle, trèfles, triticale, vesces.