Aurélien Gout est formel, la mise en place du pâturage tournant a amélioré l’organisation de son travail. A la tête d’une centaine de vaches limousines à Charenton-du-Cher, dans le Cher, le jeune exploitant a adopté la technique peu de temps après son installation, à temps complet, en 2020.
Des performances améliorées et moins de gaspillage
Yvan Lagrost, conseiller de la chambre d’agriculture, l’a épaulé techniquement. Après l’aménagement d’une parcelle de 12 hectares, Aurélien Gout développe la technique à d’autres lots de vaches car en plus du gain de temps, les performances du troupeau sont améliorées et le gaspillage est diminué.
« La première parcelle de 12 hectares située près des bâtiments se prêtait bien à un découpage en étoile avec des clôtures fixes », explique Yvan Lagrost. Les dix paddocks de 1,2 hectare sont disposés comme les pétales d’une fleur autour d’un espace de « parking » équipé initialement d’une arrivée d’eau pour l’abreuvement.
« C’est là aussi que j’installe le nourrisseur pour les veaux, explique Aurélien. Ainsi, je n’ai jamais besoin de le déplacer. Proche du bâtiment où est stocké l’aliment, je l’approvisionne facilement et rapidement. » Il n’est plus nécessaire de sortir le tracteur pour déplacer ce nourrisseur de paddock en paddock. Changer les animaux de parcelle est aussi une formalité qu’une personne seule peut accomplir au niveau du parking. »
Des clôtures fixes
« J’ai monté des clôtures électriques fixes “high tensil”, car les mobiles sont trop fragiles, justifie l'éleveur. Le montage et le démontage de ces dernières sont par ailleurs beaucoup trop gourmands en temps. Les pieux en acacia de la clôture fixe, plantés tous les 10 à 15 m, ne portent qu’un seul fil posé à 85 cm de hauteur, car lorsque les veaux se faufilent en dessous, ils parviennent à revenir facilement. Avec deux fils, il risque de se coincer entre les deux et il n’est pas exclu qu’il en meure. »
Cette hauteur facilite également le passage du broyeur sous clôture acheté en Cuma pour l’entretien des parcelles de fauche. Les vaches, elles-mêmes, peuvent aussi brouter aisément sous le fil et contribuent à l’entretien. Le coût de l’aménagement s’élève à environ 1 400 € pour le découpage intérieur de la parcelle de 12 hectares.
Bonnes croissances
La parcelle de 12 hectares est réservée à un lot de 28 vaches suitées de mâles. « Il est aisé de conduire les animaux jusqu’à la stabulation pour l’embarquement. Nés à l’automne, ils sont vendus progressivement entre la mi-mai et la mi-juillet lorsqu’ils atteignent un poids de 400 kg à 8 mois. Depuis la mise en place du pâturage tournant, Aurélien distribue moins de concentrés. Les broutards mangent environ 2,4 kg par jour en moyenne en conservant de bonnes performances de croissance (de 1 600 à 1700 g par jour).
À la mise à l’herbe, les veaux boivent plus de lait car la production de leur mère est stimulée par ce fourrage de qualité. Ils consomment aussi de l’herbe sans modération en raison de son appétence. À la différence du pâturage continu, le couvert est consommé entre 12 cm environ, hauteur à l’entrée, et 5 cm, hauteur à la sortie. « Je change les animaux de paddock tous les trois ou quatre jours », précise Aurélien.
L’îlot de 12 hectares reste, par ailleurs, entièrement mécanisable, ce qui permet de retirer des paddocks du pâturage en mai, lorsque la pousse est forte, pour les récolter en enrubannage. « La largeur de la pointe de chaque paddock est d’au moins 15 m pour que les engins puissent tourner aisément », souligne Yvan Lagrost.
En été, lorsque la pousse cesse à cause de la chaleur, les animaux sont regroupés sur le parking où ils reçoivent du foin. Cela évite la dégradation de la prairie à cause du piétinement. Sur des paddocks moins productifs, des essais de sursemis ont été réalisés avec un semoir à disques mais les résultats n’ont pas été concluants tous les ans.