Accroître l’autonomie et la résilience de l’exploitation tout en contenant le temps de travail : tels sont les objectifs des associés du Gaec des Landes. En 2016, ils ont entamé une évolution de leur système. « En conventionnel, avec les animaux en bâtiment et malgré des investissements dans la production laitière et les cultures, nous n’étions pas satisfaits des moyennes économiques sur cinq ans, explique Nicolas Demy, un des associés du Gaec. La rentabilité était aléatoire. Pour être plus performants, nous avons décidé de produire du lait avec moins d’achats extérieurs en remettant les vaches au champ. »

850 000 litres de lait en bio

Basé à Pléchâtel dans l'Ille-et-Vilaine, le Gaec des Landes compte trois associés : Annie Demy et ses deux fils, Nicolas installé en 2013 et Romain en 2021. Dorian, le salarié, a été embauché au départ à la retraite de son mari, Jean-Pierre (conjoint collaborateur). Avec ses 150 vaches laitières (prim’holstein x jersiaise) présentes, le troupeau produit 850 000 litres de lait en agriculture biologique collectés par Biolait depuis novembre 2021. L’exploitation couvre 263 hectares dont 83 hectares de cultures de vente, 23 hectares de maïs ensilage et 159 hectares d’herbe. Quant à l'élevage, le Gaec compte 150 vaches laitières présentes et un atelier de viande (40 UGB prim’holstein x angus).

Cette décision de réduire les achats d’intrants pour l’alimentation du troupeau a été facilitée par des échanges parcellaires avec plusieurs voisins, une première fois en 2018 et une autre en 2019, pour un total de 11 hectares. « Cela nous a permis de constituer un îlot de près de 14 hectares de l’autre côté de la route communale à proximité du bâtiment favorisant le pâturage », détaille Nicolas.

Ainsi, avec le bloc existant déjà près de la stabulation, les vaches laitières bénéficient de 37,5 hectares accessibles. Avec cette nouvelle configuration, la création d’un boviduc a été décidée. Pour les associés du Gaec, il n’était pas question de mobiliser deux personnes pour traverser la route matin et soir. Le tunnel a été mis en route au début de 2020 pour un coût de 30 000 €, dont 30 % de subventions, comprenant l’aménagement de chemins.

Le boviduc relie deux blocs de pâturage et évite de mobiliser deux personnes pour traverser la route matin et soir. ( ©  I. Lejas)

Pâturage tournant dynamique

Logiquement, la question du passage en agriculture biologique s’est posée. Le Gaec des Landes a entamé sa conversion en septembre 2019 et elle est devenue effective deux ans plus tard. En parallèle de ces changements, les associés ont travaillé sur le pâturage et les espèces à implanter. L’exploitation est située dans le sud de l’Ille-et-Vilaine, une zone séchante. « Dans le contexte climatique actuel, pour allonger le pâturage, nous recherchons des espèces mieux adaptées à la chaleur », explique Nicolas. La traditionnelle association de ray-grass anglais et de trèfle blanc a été remplacée par des mélanges multi-espèces riches en légumineuses (trèfle violet, fétuque, plantain, ray-grass anglais…).

Le retour de son frère Romain sur l’exploitation en 2019, après une expérience de plusieurs mois en Nouvelle-Zélande, a conforté les associés de poursuivre la méthode du pâturage tournant dynamique pour valoriser au mieux l’herbe. La conduite se fait avec 30 paddocks de 1,25 hectare par jour avec des objectifs de hauteur d’entrée (2 800 à 3 000 kg/MS/ha) et de sortie (1 500 kg/MS/ha).

« Pour allonger le pâturage, nous recherchons des espèces mieux adaptées à la chaleur »

Les paddocks sont subdivisés (60 paddocks) quand la pousse diminue et débrayés en cas de pousse importante. Romain y voit de nombreux atouts : « une meilleure valorisation de l’herbe (rendement 8 t MS/ha), un chargement élevé, une conduite facilitée et un piétinement limité. » Seul inconvénient : cela nécessite beaucoup de clôtures. Les vaches sortent du 15 février au 10 décembre.

La particularité du Gaec est aussi d’adhérer à une Cuma d’irrigation depuis 1999 (lire l’encadré ci-dessous), ce qui est rare dans la zone. « Nous avons en moyenne 60 000 m3/an disponible, dont 23 000 m3 avec la Cuma, répartis sur différents îlots de l’exploitation. » À l’origine, il s’agissait d’irriguer le maïs. Depuis son passage en bio, le Gaec réfléchit à l’irrigation des prairies. Des essais ont été conduits en 2022. L’idée est de pouvoir arroser en mai et juin pour gagner trois semaines à un mois de pâturage.

Résultats technico-économiques de l'essai d'irrigation des prairies conduit par le Gaec des Landes.

De l’herbe toute l’année

Aujourd’hui, l’élevage produit 850 000 litres de lait avec très peu d’achats extérieurs (déshydratation de 3 à 4 hectares de luzerne). Le coût alimentaire des vaches est contenu à 41 €/1 000 l : 21 euros de fourrages et 20 euros de concentrés. À titre de comparaison, la moyenne CER Bretagne bio s’élève à 66 €/1 000 l. Le coût alimentaire troupeau est de 57 €/1 000 l (moyenne CER de 85 €/1 000 l). Les vaches ont de l’herbe toute l’année avec une base de 4 à 5 kg de maïs ensilage.

Avec un prix du lait moyen de 444 €/1 000 l sur le dernier exercice comptable (premier exercice complet en bio) le Gaec a été pénalisé par la conjoncture défavorable. L’autre point faible reste l’accessibilité insuffisante au pâturage (30 ares par vache). Pour autant, les éleveurs sont optimistes : « On a bon espoir d’aller chercher de la valeur ajoutée à l’avenir ! » Le travail sur la qualité du lait et des fourrages permettent de compenser les soubresauts de la conjoncture.