Clément Dubar fait partie du peloton de tête des coqueleurs de La Réunion. Sur cette île de l’océan Indien, les combats de coqs sont pratiqués comme un sport, une tradition conviviale où les oiseaux sont des rois. « C’est la sortie du week-end, une passion que je partage depuis l’enfance avec mon père Beurty », explique-t-il. Le jeune père de famille de 32 ans porte de nombreux tatouages, dont un petit coq près de l’oreille. Installé en 2014 sur l’exploitation familiale située à Sainte-Anne, sur la côte orientale de son île natale, cet agriculteur cultive 7 hectares de cannes à sucre transformés par Tereos, et 3 hectares de bananes et d’ananas destinés au marché local.

Une tradition de l’Outre-mer

Pour leur passion de batailleurs coqs, père et fils élèvent, exprès, des gallinacés. La plupart sont des « coqs l’espèce », la race réunionnaise. D’autres sont issus d’une sélection de souches asiatiques, de races vietnamienne, japonaise, et asyl (du Pendjab). « Comme pour les chevaux de course, nous sélectionnons un papa qui a déjà gagné des combats au rond (gallodrome), et une bonne poule, une maman qui a eu des vainqueurs. On les met à l’accouplement », poursuit-il. La préparation de l’animal se fait en douceur, comme avec un sportif de haut niveau. « Il reste avec nous, et je le prends dans mes mains. Il mange du maïs, des oignons, des tomates, et le persil du jardin, c’est bon pour le souffle. Douze mois après sa naissance, l’oiseau peut avoir son premier galop d’entrainement. »

Un bon combattant ne laisse pas l’adversaire le taper. Les coqs ont naturellement une prédisposition au duel. Ils se donnent des coups de becs et de pattes, cherchent à dominer pour s’approprier un territoire ou une femelle. Les combats se déroulent entre animaux égaux en poids, en hauteur et aux ergots identiques, de forme pointue ou petits boutons.

Le propriétaire reste sur le ring, à 1 mètre de son oiseau, l’encourage et lui donne à boire. Le public fait des paris sur le vainqueur, ce qui participe à chauffer l’ambiance. « Chez nous, c’est rare qu’un animal meure. On sépare les coqs avant. Ce sont de bons moments d’adrénaline, et l’occasion de repas partagés entre amis. »

Clément Dubar fréquente les différents « ronds » de la Réunion, à Saint-Benoit, Le Tampon, Saint-Pierre et Saint-Denis. Il a même été repéré sur les réseaux sociaux par un Malgache, qui l’a invité aux combats de coqs sur la grande île voisine.