« Avant de devenir agricultrice, j’étais assistante vétérinaire. J’adorais ce métier mais à la naissance de notre troisième enfant en 2015, j’ai capitulé. Le cabinet se trouvait à 45 minutes de la maison mais avec la circulation, je mettais 1 h 30. À l’époque, Mathieu, mon mari, était associé d'un Gaec depuis une dizaine d’années. Il s’entendait bien avec ses collègues mais se posait des questions sur le mode de production dans lequel il évoluait.
Se former pour pouvoir argumenter
Un soir alors que nous discutions, Mathieu m’a proposé de construire une ferme qui nous ressemble. Son idée était de créer un système dans lequel notre vie de famille primerait sur notre vie professionnelle. Clairement, il m’a demandé en installation ! Je me suis dit « allons-y, soyons fous ! ». Bien qu’inquiète sur ma capacité à conduire ce type de projet, j’ai répondu « oui ! ».
« Mathieu est présent à la maison autant que moi »
Ensuite ? Et bien, je suis partie me former et j’ai passé un BPREA. Mathieu aura toujours quinze ans d’expérience de plus que moi mais aujourd’hui dans nos échanges professionnels, je peux argumenter et être constructive. C’est important pour moi. Il y a quatre ans, nous avons repris une exploitation de 62 ha. Mathieu s’est installé fin 2018 en lait, je l’ai rejoint début 2019. Nous avons mis en place un système tout herbe, qui nous semblait le plus adapté à notre objectif d'autant que les terres s’y prêtaient. Nos 68 vêlages sont groupés de fin février à mi-avril.
À la fin de cette période, nous passons en mono traite jusqu'au tarissement des vaches au 20 décembre. Nous restons alors deux mois sans traire. Cette organisation nous autorise quatre voire cinq semaines de vacances par an (Noël, été, automne). Au quotidien, Mathieu est présent à la maison autant que moi. Comme moi, il prépare les repas, lance les machines, étend le linge ou assure les conduites pour nos enfants de 15, 11 et 7 ans. Il "bloque" juste sur les courses !
Le week-end, un seul de nous travaille et récupère ses heures, généralement le mercredi suivant. Nous avons bien sûr des pointes de travail mais lissée sur l’année la charge ne dépasse pas 35 heures par semaine. Nous avons choisi d’embaucher un salarié à 1/3 temps qui nous remplace un week-end par mois et pour les vacances».