Au nord de l’étang de Berre, le studio de répétition de Dimitri Infossi, 41 ans, se situe juste en face de ses serres en verre. Ce maraîcher des Bouches-du-Rhône compose sa vie entre ses cultures en agriculture biologique (fraises, tomates, poivrons, aubergines, grenades, figues, olives) et une carrière de rockeur. Il est installé sur ces 4 hectares qu’il chérit depuis dix ans avec des saisonniers et sa compagne Caroline. La production est vendue en direct à 40 % sur place et en épiceries.
Une double passion
Cette double passion pour les légumes et le rock a des racines familiales. Ses parents, négociants pour l’exportation au MIN de Châteaurenard, travaillaient dur toute la semaine et organisaient des fêtes le week-end. « J’ai appris à m’endormir avec la musique à fond : du rock anglais surtout, les Who, Led Zeppelin, The Rolling Stones… »
Dimitri a 13 ans quand il accompagne son père à un concert du groupe légendaire Pink Floyd. Les souvenirs sont inoubliables et l’imprégnation musicale est telle que le fiston, qui a appris le piano dès ses 5 ans, se met à « faire du son » accompagné de son cousin Hugo et de Samy, un voisin.
« Un jour, mon père nous a emmenés dans un magasin d’instruments qui liquidait son stock. Nous avions 12 ans et déjà entre les mains un ampli, une guitare, un micro et une batterie, il voulait que nous devenions un vrai groupe. » Le trio s’exerce beaucoup et enregistre ses premiers morceaux avec fierté.
Deux CD et une tournée en Europe
Le jeune Dimitri est alors également passionné de moto, et il alterne les répétitions de rock et les compétitions sur circuit. À 16 ans, il est apprenti mécanicien quand un grave accident de moto le laisse multi-fracturé. « Mon bras était en morceaux. Mon père s’est opposé à l’amputation, et après de nombreuses opérations j’ai peu à peu récupéré. »
Il met la moto de côté et investit davantage la musique au début des années 2000. Pour The Manbo, il compose des mélodies et écrit les paroles qu’il chante en anglais. Le groupe se produit dans des bars et se classe parmi les finalistes d’un tremplin musical dans la région.
Jusqu'en Australie
Après avoir passé l’année 2007 à travailler et jouer en Australie tout en voyageant, Dimitri revient en France et, au culot, contacte le producteur de disques Lucas Trouble. The Manbo enregistre en 2011 son premier CD de rock underground dans un manoir en Bourgogne, puis un second en 2014. Les critiques musicaux valident, et le groupe s’offre, en van, une tournée de concerts en Europe.
« Nous avons joué dans des festivals, et des petites salles, trois mois non-stop. Depuis, nous faisons en France des premières parties. Caroline s’occupe de la promo et vend les tee-shirts… » Le couple en parallèle est devenu agriculteurs sur les terres achetées en 2002.
La musique ne quitte jamais Dimitri. Il enregistre sur son smartphone les airs qui lui viennent deux à trois fois par mois, puis les travaille en studio. Il voudrait composer des musiques de films, et pourquoi pas un jour monter seul sur scène.
The Manbo - disponible sur Spotify, Deezer, Napster.
Clip : Railway Song :