Quatre à huit jours par mois, Hélène Cottinet d’Hangest-en-Santerre dans la Somme, troque sa casquette d’agricultrice pour son casque de pompier volontaire. Cette ingénieur Isa de Lille de 43 ans, est animée par plusieurs passions. Celle de l’agriculture d’abord qui l’a conduite à reprendre seule, l’exploitation de 160 ha de ses parents en 2015, après un début de carrière dans l’industrie des pommes de terre et de la déshydratation puis dans la distribution de produits locaux. Son conjoint est salarié. « Depuis que je suis toute petite, je me suis toujours dit que c’était moi qui reprendrais la ferme familiale, explique avec enthousiasme la jeune femme. Nous n’étions que deux enfants et ma sœur n’était pas intéressée ». Hélène avoue aimer la nouveauté. « Aux cultures de céréales, betteraves, légumes et pommes de terre, j’ai ajouté celles de racines d’endives, d'épinards, de lin textile et tout récemment de cameline, à la suite d’un article paru cet été dans la France Agricole ! » précise-t-elle. Elle a également ouvert un gîte à la ferme.

Acquérir des réflexes

C’est aussi avec passion qu’elle a choisi il y a trois ans, de s’engager comme pompier volontaire. « Je voyais ceux du centre de secours de ma commune s’entraîner une fois par semaine, l’esprit d’équipe m’a intéressée, reconnaît Hélène. Lorsque l’on est agricultrice, on travaille seule, même si mon père continue à me donner un coup de main. J’avais aussi envie de m’investir. Être soldat du feu, c’est une belle façon d’aider les autres ». La caserne qui couvre une quinzaine de communes, compte 25 volontaires et deux professionnels. L’engagement d’Hélène a démarré par un an de formation, en sessions d’une journée à deux semaines. La première concernait les gestes de premiers secours, puis ceux de brancardier, et ainsi de suite, avant de terminer par la gestion des incendies. « Nous sommes ensuite prêts à intervenir, toujours en équipe, et à assurer les astreintes, une semaine par mois. Nous pouvons alors être appelés à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Je n’habite pas très loin du centre, mais j’y vais toujours en voiture. Pendant les quelques minutes de trajet, je me mets en condition. Dans le vif de l’action, nous n’avons pas le temps de réfléchir, ni d’avoir peur. Nous avons acquis des réflexes et des méthodes de travail qui nous font agir ».

« Une belle façon d’aider les autres »

Avant de s’impliquer, elle en a parlé avec son conjoint et ses deux enfants devenus aujourd’hui des ados. « Il faut trouver le bon compromis entre le temps consacré au travail, à la vie privée et à celle de pompier, souligne Hélène. C’est surtout une question d’organisation.  Entre collègues, nous réussissons à nous coordonner selon les obligations de chacun. Pendant la moisson par exemple, je n’assure pas d’astreinte, mais un peu plus que les autres l’hiver ». L'agricultrice effectue une trentaine d’interventions par an, et reçoit pour le temps passé, une petite indemnisation. « Jusqu’à présent, j'ai surtout été appelée pour des accidents de la route ou domestiques et des malaises, mais aussi quatre feux de maison et voiture. Cet été, mes collègues ont été plusieurs fois sollicités pour des incendies de champs, ajoute Hélène qui n’était pas de faction. Mais lorsque nous étions nous-même en train de récolter, avec un voisin, nous avons été amenés à éteindre un début de feu dans une parcelle de céréales ».