Son fils Nesta sur les épaules, Claire Mariis, 32 ans, évolue avec bonheur dans sa ferme en maraîchage bio de Saint-Pardoux-Corbier (Corrèze), où elle est installée depuis deux ans. Elle a appelé celle-ci Le Dos de la baleine en raison de sa topographie tout en rondeur.
En recherche de sens
Il y a une dizaine d’années, après des études aux Beaux-Arts de Nancy (Meurthe-et-Moselle), la jeune femme, originaire de la région parisienne, déprimait. « Je me sentais déconnectée, en recherche de sens. » Elle entame alors un long voyage à pied à travers les Balkans avec sa meilleure amie. « Marcher m’a aidé à réfléchir, à me retrouver. » À son retour, elle décide de changer de voie pour s’inscrire en brevet professionnel « responsable d’exploitation agricole » à Montmorot, dans le Jura. Ensuite, avec Marius, son compagnon rencontré dans sa promo, elle choisit de s’établir en Corrèze.
Chansons féministes ou pacifistes
Rapidement, elle intègre la chorale militante d’Uzerche. « J’aime chanter depuis mon enfance. Au lycée agricole, nous avions monté une petite chorale. » Tous les mardis, Claire répète à la ferme collective de La Tournerie à Coussac-Bonneval (Haute-Vienne). « Nous sommes tous un peu amis maintenant. Les profils sont très divers, avec plusieurs paysans, une réelle mixité, et des personnes de tous les âges car toutes les voix sont intéressantes. » Sous la direction de leur cheffe de cœur, les choristes commencent par s’étirer physiquement et vocalement. « Pendant la chorale, je ne pense à rien d’autre. Je regarde ceux qui m’entourent, ce sont des moments de complicité et de convivialité. Je porte et je me sens portée, ça me désinhibe. » Le reste de la semaine, Claire répète ses chansons en travaillant au champ ou en se promenant dans la forêt.
« Une chorale qui transmet un message me donne de l’entrain. »
Le répertoire d’une quinzaine de morceaux est centré sur les luttes sociales, les guerres, le droit des femmes, etc. « Il m’intéresse vocalement et historiquement. Une chorale qui transmet un message me donne de l’entrain. Même si ce sont des actions passées, j’aime les faire résonner chez les gens et entretenir la flamme pour les combats présents et futurs. » L’origine des œuvres s’étale dans le temps, de La Semaine sanglante, écrite en 1871 pendant la Commune, à l’Hymne des femmes, en 1971. Mais il y a aussi des succès populaires, Sans la nommer de Georges Moustaki, Le Chiffon rouge de Michel Fugain, ou des créations plus récentes comme La Rue des lilas de Sylvain Girault, sur la guerre en Syrie.
A cappella ou accompagné d’un accordéon ou d’une guitare, l’ensemble vocal intervient dans des festivals, des manifestations, pour la Journée de la femme ou les commémorations de la Seconde Guerre mondiale. Une semaine avant le confinement, la formation s’est produite à la prison d’Uzerche pour les détenus en fin de peine. Après une reprise progressive des répétitions, le chœur donnera un concert le 14 juillet.