Quand il n’est pas dans les champs, Anthony Lascaud, cheveux noirs et bouclés, se met volontiers à la batterie. Il est parfois accompagné de sa compagne et de leurs trois enfants, tous musiciens. Charles Chateigner, véritable as du son, opte quant à lui pour la table de mixage, sous l’œil de son fils.

Associés sur une exploitation de 260 ha qui conjugue grandes cultures et pépinières, les deux hommes sont des copains de longue date, depuis leurs années BTA au lycée de Tours-Fondettes, en Indre-et-Loire. « On s’est connu en seconde et, en première, nous étions dans la même classe. »

Retrouvailles en musique

À l’époque, Anthony, originaire de Meigné-le-Vicomte, dans le Maine-et-Loire, joue déjà dans un groupe de rock. Tourangeau, Charles participe, lui, à la création de la radio du lycée. « L’association des élèves avait investi dans une cabine d’enregistrement et un studio de mixage. C’est là que j’ai appris à travailler le son. » Leur BTA en poche, les deux copains se perdent « un peu » de vue, avant de se croiser à la sortie d’un concert. « C’était Texas qui se produisait au parc des expositions d’Angers, et il y avait 2 000 personnes ! » Dans la foulée, Charles rejoint le groupe d’Anthony en tant que technicien son.

« Nous souhaitons que le festival reste à taille humaine. »

Le festival « Viens chercher bonheur » naîtra deux ans plus tard, en 2001. Reggae, rap, répertoire classique… « Notre objectif était de faire découvrir la musique sous toutes ses formes mais aussi d’amener de l’activité culturelle localement. Meigné-le-Vicomte compte 315 habitants et il y a peu de propositions dans le secteur ! », explique Charles, devenu entre-temps agriculteur aux côtés d’Anthony.

Lancée modestement, la manifestation attire aujourd’hui plus de 2 000 festivaliers. Depuis trois ans, afin de ne pas dépasser ce nombre, elle se tient à guichets fermés. « Pour garder la maîtrise de notre projet, notamment sur le plan financier, nous avons avancé très progressivement. Les premières années, c’était une organisation de bric et de broc. Pour la scène, par exemple, on récupérait des palox à la coopérative fruitière de Parcay-les-Pins (Maine-et-Loire). Des voisins prêtaient leur génératrice, etc. ». Aujourd’hui, le public est à l’abri sous un chapiteau et écoute aussi des groupes professionnels. « Mais l’esprit est le même, l’ambiance est restée simple et conviviale », garantissent Anthony et Charles.

Anne Mabire