Portrait : Artiste du végétal

Troncs sculptés, mandalas de fleurs, étranges structures végétales… le jardin de François Bérard, 43 ans, a un petit air de pays des merveilles. Perdu dans un joli vallon des environs de Foix (Ariège), il a été créé en 2001 par les parents de François. « Ils étaient maraîchers, avec une forte sensibilité artistique, explique-t-il. Ils s’intéressaient au land art, qui consiste à composer des œuvres à partir de plantes et de décors naturels, et voulaient tester des créations végétales. » François, lui, se passionne alors pour la photo. Option arts plastiques au lycée de Foix, puis BTS photographie à Toulouse, il part ensuite, sac au dos, parcourir le monde avec sa compagne, Irène. Mais en 2007, le voilà qui passe son BPREA au lycée agricole de Pamiers pour reprendre l’exploitation familiale, tout en souhaitant mettre sa fibre artistique au service du Jardin Extraordinaire – c’est son nom – , géré par une association. « J’utilise les annuelles comme une palette de couleurs, pour élaborer chaque été de nouveaux dessins », s’amuse-t-il.

Des visiteurs de plus en plus nombreux

Bientôt, sur la propriété, poussent non seulement des fleurs multicolores et des sculptures végétales, mais aussi un bâtiment d’accueil et un parking pour les visiteurs, de plus en plus nombreux. « Au début, nous ouvrions deux jours, puis cela a été cinq… et depuis 2019, toute la semaine pendant les deux mois d’été ! » Peu à peu, le jardin a pris le pas sur la ferme. Ce lieu insolite se prépare longtemps en amont : il faut choisir les thèmes, dessiner les œuvres et sélectionner les graines qui composeront ces créations éphémères. Il s'agit aussi d'organiser le travail des bénévoles – jusqu’à 70 au plus fort de la saison – et planifier les événements culturels, concerts et expositions qui rythmeront l'été du Jardin Extraordinaire. Dès le printemps, la maison familiale ressemble à une ruche où bourdonnent des passionnés, heureux de prêter main-forte. « Le jardin est ouvert à tous. L’entrée est gratuite, j’y tiens beaucoup. Nos fonds proviennent de la buvette, de la boutique, mais aussi des nombreux dons que laissent les visiteurs. »

Dernièrement, des subventions publiques ont permis l'implantation de parcelles permanentes, comme cette mare entourée de sculptures poétiques, ce tunnel de glycine, ou cette majestueuse coupole recouverte de plantes grimpantes. « Travailler sur des vivaces, c’est un nouveau monde qui s’ouvre pour moi, confie François. Il faut tenir compte de l’évolution des couleurs au fil des saisons, des périodes de floraison… C’est ce que j’aime avec le végétal : on n’a jamais fini d’apprendre ! »