C’est par hasard que Christophe Constantin a découvert l’ULM. Il y a cinq ans, l’un de ces aéronefs motorisés ultralégers a atterri près des parcelles de lavande et de petit épeautre qu’il cultive à Sault, dans le Vaucluse. « Je ne connaissais rien à l’aéronautique. Cet engin avec sa voile colorée m’a plu immédiatement. J’ai posé mille questions au pilote ! » Dès lors, l’agriculteur n’a qu’une idée en tête : voler. Il se met en quête d’une école. Après des recherches sur internet, il trouve son bonheur à Pujaut, dans le Gard, à soixante-quinze kilomètres de chez lui. « J’ai les pieds ancrés dans la terre », explique le lavandiculteur, qui a repris l’exploitation familiale en 2018. Son premier vol a été une révélation. « J’ai compris que l’air était ma seconde nature, dit-il avec les yeux qui brillent. Au-dessus des nuages, on éprouve une sensation de liberté extraordinaire. » Il décrit cette montée d’adrénaline qui s’empare de lui à chaque décollage.
Deux activités conciliables
D’élève, Christophe devient pilote biplace amateur. Puis il enchaîne les qualifications : photographie aérienne, tractage de banderoles, largage de parachutistes… Et comme si cela ne suffisait pas, il devient instructeur. Il a décroché son brevet, l’an passé, après cinq semaines de formation aux côtés de Thierry Faivre, une sommité dans le domaine.
« Ce fut difficile, se souvient-il. Il y a beaucoup de théorie. J’ai dû apprendre tout ce qui relève de la réglementation aéronautique, de la mécanique, la météo, la sécurité des personnes… » Cet apprentissage a eu lieu au mois de février, période creuse pour l’exploitation. « Les deux activités sont conciliables, explique l’heureux diplômé. L’ULM se pratique très tôt le matin ou tard en journée. »
Christophe s’aventure un peu partout, au-dessus des mers, des montagnes… Mais son terrain de jeu favori reste le plateau d’Albion, où il vit. Depuis la piste de décollage qui jouxte la ferme, il survole les villages alentour. Par temps clair, les sommets du Mont-Blanc transpercent le ciel.
Son plus beau souvenir ? Ce 24 décembre 2019, au-dessus du mont Ventoux, à 3 000 mètres d’altitude. « J’ai découvert le massif tel que je ne l’avais encore jamais vu, rapporte-t-il. Toutes ses faces étaient à nu. Le froid était extrême, mais il n’y avait aucune secousse. À part mon moteur, le silence était absolu. » Un moment unique. En cinq ans de navigation, Christophe n’avait pas entrepris le survol de ce massif, réputé dangereux. Ce jour-là, les conditions étaient idylliques.
Chantal Sarrazin