La première fois que Marietta Merieau-Barteau, productrice de lait à La Roche-sur-Yon, en Vendée, a posé le pied sur le sol africain, c’était en 1983, au Mali. « J’ai toujours été attirée par ce continent : ses couleurs, ses paysages, ses habitants… J’étais curieuse de découvrir cette richesse », explique-t-elle aujourd’hui, à 61 ans.
Attirée par l’Afrique
À Tinkaré, au nord-ouest de Bamako, Marietta avait travaillé sur un projet de puits. Rien de comparable - ou si peu ! - avec ce qui la préoccupe depuis qu’elle préside l’Afdi (Agriculteurs français et développement international) des Pays de la Loire.
Deux voyages en trois ans
« Il y a trois ans, pendant mon premier mandat, je suis partie dix jours en République démocratique du Congo (RDC). Nous avions été sollicités par le centre Kitumaini (lire l’encadré ci-dessous) qui accompagne les femmes victimes de viols, de mutilations et autres sévices. Ce qu’on appelle pudiquement les violences de guerre. » Sur place, pourtant familière de l’Afrique, cette mère de trois jeunes adultes découvre « la misère avec un grand M et des personnes « si humiliées qu’elles s’étonnent qu’on puisse s’intéresser à elles ».
De retour en France, elle convainc le conseil d’administration de valider ce partenariat centré sur la réinsertion par l’activité agricole. « Ces femmes ont souffert. Elles partent de zéro, n’ont aucun outil, pas de semences. Certaines marchent deux heures pour atteindre leur parcelle. La plupart sont analphabètes, mais elles tiennent debout. Ce sont des héroïnes et ce que nous faisons là-bas nous élève », aime rappeler Marietta.
Depuis deux ans, l’association ligérienne a collecté et envoyé 120 000 € au centre Kitumaini. C’est un tiers des besoins estimés. Sur place, les bénéficiaires se sont regroupées. Elles décident de leurs projets, fixent leurs besoins. « Avec cet argent, elles ont acheté des chèvres, du petit matériel, des semences. Elles ont aussi pu se former. Elles ont appris à fabriquer du compost, mettre en place une rotation, construire des ouvrages anti-érosion... Pas un centime n’a été perdu. »
Épanouie dans l’action, Marietta Merieau-Barteau est retournée en RDC au mois de février 2022. « J’y ai vu des progrès considérables, mais il y a encore beaucoup à faire. Il faut rester modeste, car pour ces Congolaises, nous n’avons pas le choix : nous devons y arriver ! »
Anne Mabire