Le Dakar en janvier, le rallye de Jordanie en février, l’Abu Dhabi Desert Challenge début mars, puis d’autres compétitions dans la foulée en Espagne, au Maroc ou en Europe de l’Est : à raison d’un voyage par mois, durant cinq jours minimum à chaque fois, François Cazalet vit sa passion du tout-terrain à plus de cent à l’heure.
Féru de mécanique
Il connaît les courses depuis son enfance car, chaque année, le rallye des collines d’Arzacq, dans les Pyrénées-Atlantiques, passe au cœur de l’exploitation familiale. Il était d’abord spectateur, mais ce loisir est vite devenu une pratique.
Adulte, il achète un petit buggy d’occasion, s’entraîne dans les champs, apprend en visionnant des vidéos, rencontre des pilotes locaux... Féru de mécanique, il construit même son propre engin et enchaîne toujours les compétitions. En 2016, il a l’opportunité de concourir en tant que copilote dans un raid au Maroc. Cette participation marque un tournant vers une carrière professionnelle et un statut de coureur free-lance. Ses prestations remarquées lui permettent d’intégrer la Red Bull Off-Road Junior Team en 2019.
Garder les pieds sur terre
Au printemps, et quand c’est possible à l’automne, l’agriculteur-copilote évite de quitter son exploitation à Coublucq (Pyrénées-Atlantiques), sans compter qu’il travaille aussi pour une entreprise de travaux agricoles. François s’amuse de ce grand écart entre ces deux univers : l’agriculture d’un côté, les courses de l’autre… Il traverse des endroits inimaginables, lieux de sensations fortes et de rencontres improbables, y compris avec les autochtones : « J’ai un souvenir fabuleux de l’Arabie Saoudite, dit-il. Tombés en panne non loin d’habitations, des Saoudiens nous ont secourus et invités chez eux pour partager leur repas en attendant les secours… Ensemble, nous avons passé des heures assez incroyables ! »
Mais cet homme de terrain retrouve toujours sa vie rurale avec bonheur : « Je sais que ce sport peut s’arrêter du jour au lendemain. Alors après avoir vécu des rapports humains extrêmes, c’est important de remettre les pieds sur terre, de retrouver mes racines et mon travail. En voyageant, je découvre aussi les contraintes de vie d’autres paysans. Cela m’apprend à relativiser et apprécier mon propre quotidien, malgré le contexte agricole compliqué. »
Dans les rallyes, on l’appelle « le farmer » et sur son Instagram il partage aussi bien ses photos de courses que de tracteurs : « La plupart de mes amis pilotes ne connaissent pas grand-chose à l’agriculture mais ils restent “babas” devant notre mécanique agricole », conclut-il avec humour.
Du haut de ses 36 ans et de son titre de champion du monde des rallyes-raids (qu’il partage avec sa coéquipière pilote Cristina Gutiérrez), François rêve de gagner le Dakar. Le duo est arrivé troisième cette année dans la catégorie des prototypes légers (T3). Courage, « plus que » deux marches à gravir…
Hélène Quenin