S’il vole quatre-vingts heures par an, Jean-Louis Delahaye, agriculteur à Verchocq, dans le Pas-de-Calais, garde les pieds sur terre. Lycéen, il s’adonnait déjà au modélisme. En 1999, il lâche les modèles réduits pour le pilotage grandeur nature. « J’ai perdu un proche de trente-cinq ans d’un cancer. J’ai alors vu la vie autrement et ai souhaité vivre cette passion. Ce deuil a été le déclencheur », relate-t-il. Jean-Louis passe sa licence de pilote et son brevet d’ULM (1).
Piste d’envol, piscine et tennis
En 2000, l’éleveur saisit l’opportunité d’un CTE (2) pour se diversifier. Il monte un club-house (3) avec location d’emplacements pour avions, école de pilotage d’ULM et restaurant, crée une piste privée et propose des baptêmes de l’air.
Cette même année, il apprend qu’il existe en Vendée un village aéronautique, sur le modèle des airparcs construits outre-Atlantique. Il le visite et se lance à son tour. Le projet mettra huit ans à aboutir. « L’Administration a accepté ma demande, car ce loisir aérien contribue au développement touristique de l’arrière-pays de la Côte d’Opale », confie l’homme de cinquante-cinq ans.
Jean-Louis Delahaye viabilise des parcelles de 400 m2, sur lesquelles des constructeurs locaux bâtissent des maisons de bois abritant au rez-de-chaussée un garage à avion. Vingt-cinq familles, essentiellement du nord de l’Europe, ont déjà investi. Regroupées en un syndicat de copropriétaires, elles bénéficient de l’accès à la piste d’envol, à une piscine et à un terrain de tennis.
Jean-Louis a arrêté l’élevage pour se consacrer au développement de son airparc : « J’ai créé ici l’ambiance d’un village d’antan, où tous les gens se connaissent, partagent la passion de l’air et font preuve d’entraide s’il y a un souci mécanique. » Son épouse Isabelle (en photo), conjointe d’exploitant, lui prête main-forte.
Si 80 % des résidents le sont à titre secondaire, Alain a quitté Tourcoing pour y vivre à l’année. « Quand on aime l’aviation, ici c’est chouette, on trouve le calme et la sérénité », observe-t-il à bord de son aéronef. Jean-Louis continue, quant à lui, à se qualifier.
Jean-Louis Delahaye vient de décrocher une licence de vol aux instruments afin de piloter par tous les temps. Il a revendu son ULM en 2021 pour acheter un Beechcraft (4) de six places. Il peut ainsi aller chercher des prospects auxquels il fait découvrir sa « marina des airs ».
Catherine Yverneau
(1) Planeur ultraléger motorisé.
(2) Contrat territorial d’exploitation.
(3) Lieu où se rencontrent les membres d’une société sportive.
(4) Avion fabriqué par le constructeur américain d’avions Beechcraft.