En juillet et août derniers, Urvoso a fait vibrer, tout au long des Jeux olympiques (JO) de Tokyo (Japon), Antoine Bollart et sa famille. Ce cheval a réalisé la meilleure performance de l’équipe de France en individuel, en se classant douzième de la finale de saut d’obstacles. Le polyculteur-éleveur de Cavron-Saint-Martin, dans le Pas-de-Calais, avait suivi attentivement son parcours­ comme celui de tous les chevaux nés sur son exploitation­.

Trouver les meilleurs étalons

« J’ai toujours été passionné par cet animal, indique-t-il. Dès trois ans, je montais les chevaux de trait que nous avions encore à la ferme. » Quelques années plus tard, Antoine changeait les litières le week-end dans un club équestre contre des cours d’équitation. Le cavalier s’entraîne aux sauts d’obstacles mais apprécie surtout les balades. « Je tiens le virus de l’élevage de mon père. Il a acheté son premier cheval lorsque j’avais 14 ans, puis un deuxième, un troisième, et un lot qu’il est allé chercher en Espagne… Devenu âgé, il a tout vendu. »

Antoine avait arrêté de monter, « jusqu’au jour où, avec Christine, mon épouse, nous avons décidé d’offrir un cheval à nos enfants ». Ils font l’acquisition d’Émilie du Grand Bois, la mère d’Urvoso. La jeune selle français alezan est trop fougueuse pour l’équitation. « Mais nous l’avons gardée pour avoir des poulains. Le reste sera une histoire de belles rencontres. »

L’agriculteur parcourt alors concours et haras à la recherche des meilleurs étalons. Il se lie d’amitié avec d’autres éleveurs et des entraîneurs, en particulier Bruno Broucqsault. Celui-ci lui conseille de faire saillir Émilie par Nervoso SF. « Ainsi, naît en 2008 Urvoso du Roch, du nom de la ferme », précise avec le sourire, Antoine, qui l’a vendu à l’âge de cinq ans et demi. Comme ses ascendants disposaient de bonnes performances et qu’il a commencé à être bon en concours, sa cote a grimpé. Il a changé plusieurs fois de mains, avant que Nicolas Delmotte ne le conduise jusqu’aux JO.

« Quelle belle récompense pour notre petit élevage, ajoute l’agriculteur qui, après l’euphorie de l’été 2021, reste prudent. La passion du cheval peut vite coûter cher, il faut être vigilant. Lorsqu’un animal obtient un prix ou est revendu, il faudrait qu’un pourcentage revienne à l’éleveur naisseur. C’est le cas dans d’autres pays. Cela permettrait d’investir plus facilement et, à la filière “naissance”, d’être plus dynamique. »

Blandine Cailliez