Ce mardi soir à Saint-Martin-du-Mont, dans l’Ain, Pascal Vieudrin rejoint, avec son tuba sur le dos, l’orchestre auquel il appartient depuis l’âge de onze ans. Retraité depuis peu, il a désormais plus de temps pour vivre sa passion. « L’instrument a toujours constitué pour moi, comme pour ma femme Christiane, un dérivatif et un moyen d’échanger avec les autres », explique le tubiste au tempérament curieux et mesuré. Malgré les contraintes et les responsabilités professionnelles – Pascal fut président d’une grosse Cuma –, il s’est toujours organisé pour s’entraîner individuellement chez lui et répéter plusieurs fois par semaine en groupe. « Les nuits étaient courtes, mais le plaisir était là, confie-t-il. Mon épouse a, heureusement, compensé sur l’exploitation une partie de mes absences. »

Promouvoir la culture populaire

Président depuis 2001 de l’école de musique intercommunale Bresse Dombes Revermont (BDR), qui compte cent quarante élèves et treize professeurs à temps partiel, Pascal est également cofondateur d’un brass band, Gouttes de cuivre, et administrateur de la fédération musicale de l’Ain.

Ses engagements s’enracinent dans le milieu familial. Son père, percussionniste, était secrétaire de la fanfare du village. Sa mère, qui a appris l’orgue à l’âge de douze ans auprès du curé, est toujours active à quatre-vingt-deux ans. Mais lui est un autodidacte. « À l’époque, les cours étaient réservés à une élite », regrette Pascal. La frustration qu’il en a gardé l’a poussé à donner à ses quatre fils et fille un véritable enseignement théorique et instrumental, et à créer l’école BDR. Celle-ci est active dans six communes auprès des enfants de la maternelle jusqu’au CM1. Dans le cadre de l’éveil musical, ces derniers essaient cinq instruments dans la même année, avant d’en choisir un. « Rapidement, ils prennent part aux fêtes et événements locaux que nous coanimons. Toutes ces manifestations créent des liens sociaux et facilitent l’intégration des nouveaux arrivants, nombreux dans ce département proche de Lyon », souligne fièrement l’ancien agriculteur.

Bâtisseur, notre joueur de cuivre a le sens du collectif, tel un véritable chef d’orchestre. « Pour mener à bien ses projets, il sait s’entourer, et il est tenace, apprécie Christine, la trésorière de l’école de musique. Il n’a pas deux idées à la fois, mais l’une après l’autre, qui se suivent. »

Avec toutes ses activités, Pascal est pris presque tous les week-ends. D’autant plus qu’en mars dernier, il a été élu conseiller municipal. Il est le seul agriculteur autour de la table. « Outre une tradition musicale fortement ancrée, nous avons la chance d’avoir dans l’Ain des élus ouverts, qui soutiennent nos activités », pointe le responsable associatif qui se plaît à jouer entre deux réunions le répertoire varié d’une harmonie : musique du monde, mélodies anglo-saxonnes, bandes originales de film, jazz, variétés françaises.

Anne Bréhier