Depuis qu’elle est présidente de la Fédération des entreprises de charcuterie traiteur (Fict), Christiane Lambert, s’engage à établir des relations solides entre les producteurs de porcs et les transformateurs. La mission lui tient particulièrement à cœur, puisque la syndicaliste a d’abord défendu les agriculteurs, notamment quand elle était présidente de la FNSEA, et qu’elle est elle-même productrice de porcs dans le Maine-et-Loire. Lors d’un échange avec La France Agricole au Salon de l’agriculture, le 26 février, elle a d’ailleurs souligné que si la Fict a choisi son profil, il y a un an, c’est précisément pour favoriser un dialogue constructif entre les différents acteurs de la chaîne de valeur.
Stabiliser les relations dans un marché volatil
La filière porcine a considérablement évolué au fil des ans, rappelle la représentante. Autrefois marquée par des cycles économiques de sept ans, elle est aujourd’hui caractérisée par une volatilité plus accrue des prix et des marchés. Cette instabilité rend l’installation des nouveaux producteurs particulièrement difficile, nécessitant des capacités de gestion des aléas et une forte résilience, souligne-t-elle.
Selon Christiane Lambert, la contractualisation volontaire entre la production et le premier acheteur [les abattoirs] apparaît comme une solution déterminante pour atténuer les à-coups du marché, à la fois pour donner de la visibilité aux agriculteurs, et pour stabiliser les relations entre producteurs et industriels. Elle plaide pour l’établissement de relations pluriannuelles.
Bien répartir la valeur
Car les années fastes pour les producteurs coïncident souvent avec des périodes difficiles pour les industriels, et vice versa. Comme Christiane Lambert l’a rappelé une semaine plus tôt lors d’une conférence de presse de l’interprofession porcine à Paris : « Le prix du porc, c’est 50 % des coûts des entreprises de transformation. »
Le retour à la hausse des tarifs — +43 % depuis 2021 — est « nécessaire et salutaire si on veut maintenir les élevages en France et avoir le renouvellement des générations dont on a besoin », encore faut-il un partage équitable de la valeur. Citant une étude de la Banque de France publiée en octobre — commandée et financée par Inaporc et FranceAgriMer — Christiane Lambert assure que 30 % des entreprises de charcuterie-traiteur françaises « sont dans le rouge. La raison majeure, c’est qu’elles n’ont pas pu répercuter les hausses de coûts subies ces dernières années. » Cela, pas seulement en raison de la hausse des cours du porc, mais aussi de ceux de l’énergie, des emballages, des assurances… énumère-t-elle. « Nous sommes en pleines négociations commerciales et un certain nombre de distributeurs osent, dans les box, demander de la déflation jusqu’à –4 %, –8 %, –10 % », s’agace-t-elle.
Tribune commune
Christiane Lambert et François Valy ont signé ce 27 février 2025 une tribune dans LSA, dans laquelle ils dénoncent la pression exercée par les distributeurs. Ces derniers imposent, selon eux, des négociations en ignorant la réalité économique des entreprises. Les deux représentants mettent en garde contre la mise en péril de l’agriculture française, soulignant que des prix non viables risquent de réduire la part de viande française dans la production de charcuterie, au détriment des producteurs locaux.
Ils appellent les distributeurs à respecter les besoins économiques des entreprises, afin de garantir une production locale, de qualité et durable. « Il faut que les distributeurs assument de payer un prix juste, écrivent Christiane Lambert et François Valy. C’est l’objectif des lois Egalim que trop de distributeurs s’évertuent à contourner avec leurs plateformes localisées à l’étranger. »