En septembre dernier, Ludovic Posnic, gérant de l’EARL de la Haute-Brosse, a créé l’événement avec l’inauguration d’une centrale solaire thermique. Adossé au postsevrage, cet équipement, encore rare, doit permettre de diviser par deux les frais de chauffage dans ce bâtiment de 1 200 places. « Nous ne devrions plus revivre l’expérience de 2023 avec une facture d’électricité qui est passée de 1 500 à 4 500 € par mois le 1er janvier », pointe Ludovic Posnic, 46 ans. Originaire de la Bretagne, cet ancien technicien en élevage porcin s’est installé en 2012 à Chemillé-en-Anjou (Maine-et-Loire). Il a repris un élevage de 220 truies naisseur et engraisseur partiel, ainsi que 62 ha. L’organisation des bâtiments, leur solidité, le système d’irrigation et la fabrique d’aliment ont été des facteurs déterminants dans sa décision.

L’an dernier, la fabrique d’aliment à la ferme a été modernisée. Pour diversifier les sources de protéines, trois silos (30 t chacun) ont été construits. (©  Anne Mabire )

Augmenter le cheptel

Déterminé, Ludovic Posnic n’a pas tardé à imprimer son tempo. Dès la première année, il a investi dans une maternité neuve de quarante-six places et un bâtiment pour les truies gestantes (115 places). Le tout pour 300 000 €. « Grâce à cet investissement, je suis passé à 280 truies avec une conduite en cinq bandes et un sevrage à 21 jours. » Aujourd’hui, l’élevage produit 8 500 porcs charcutiers par an. Ils sont commercialisés par Porc Armor Evolution (Côtes-d'Armor), le groupement dans lequel Ludovic a travaillé douze ans. « Ce n’est pas pour cette raison que je suis devenu adhérent, mais parce que c’est l’un des rares groupements qui laisse les éleveurs libres dans leurs choix, notamment ceux de l’aliment et de la génétique. » Ludovic a opté en 2018 pour la génétique franco-norvégienne Topigs Norsvin. En dix-huit mois, le nombre moyen de porcelets sevrés par portée a grimpé de 12,5 à 14. Autrement dit, « de 7 200 porcs charcutiers par an, je suis passé à 8 500-9 000. »

Concernant l’aliment, l’EARL de la Haute-Brosse est équipée d’une fabrique à la ferme. L’an dernier, 350 000 € ont été investis dans sa modernisation avec la construction d’un silo-tour (800 t), d’une cellule à blé (500 t), d’une fosse de réception et de trois silos. Plus petits (30 tonnes chacun), ces derniers sont réservés aux protéines et permettent de diversifier les sources. « L’intention est de s’affranchir du soja d’importation dont j’ai déjà divisé la consommation par trois depuis mon installation », précise Ludovic. Pour l’heure, la fabrique valorise 100 % du maïs (75 ha), du blé (18 ha) et de l’orge (17 ha) cultivés sur la ferme, mais ne couvre pas la totalité des besoins de l’élevage. L’EARL achète 500 tonnes de céréales par an à l’extérieur.

La centrale solaire permet de chauffer l’eau qui circule ensuite dans le bâtiment de post-sevrage. Dans les 12 salles, la température est de 28°. (© Anne Mabire )

S’affranchir du façonnage

En 2012, Ludovic Posnic s'était fixé l'objectif d'arrêter le façonnage. Cette pratique consiste à déléguer tout ou partie de l’engraissement à un éleveur tiers. À l’époque, elle concernait un porc sur deux, « un point faible » pour l'éleveur. En 2016, il a racheté une porcherie de 1 150 places située à 8 km du site. Le taux de façonnage est descendu à 17 % « en sachant qu’entre-temps, j’avais changé de génétique », pointe Ludovic. L’autonomie totale devrait être atteinte d’ici deux à trois ans avec la construction, sur le site de la Haute-Brosse, d’un nouveau bâtiment. Le projet vise 800 places. Dans l’immédiat, c’est encore la facture énergétique qui retient l’attention de l’éleveur. En 2024, tous les ventilateurs vont être changés ainsi que les régulateurs. « Les ventilateurs de nouvelle génération ont l’avantage de consommer moins lorsqu’ils tournent moins. Ce n’est pas le cas des anciens qui consomment autant. Pour l’été, ça ne changera pas grand-chose. Mais l’hiver, on devrait avoir des écarts importants. Les commerciaux annoncent 80 % d’économie, il faudra voir. »