Évaluer les performances de systèmes de grandes cultures et de polyculture-élevage dans des conditions de très fortes réductions d’utilisation de produits phytosanitaires. Tel était l’objectif du projet Dephy Expe Xpe-GE, mené dans la Région Grand Est entre 2019 et 2024. Il a impliqué trois plateformes expérimentales et douze parcelles d’agriculteurs.

Trois stratégies ont été testées : la protection intégrée des cultures avec –50 % de phytos, un système en agriculture de conservation des sols (ACS) sans glyphosate et –50 % de phytos, et un système zéro phyto. Les principaux leviers agronomiques étaient la rotation diversifiée, le désherbage mécanique, et le labour sauf pour le système en agriculture de conservation.

Abandons chez les agriculteurs

En zéro phyto, alors que les agriculteurs s’attendaient à ce que les difficultés viennent surtout de la gestion des bioagresseurs, c’est plutôt les adventices ont posé problème. « Sur les douze parcelles d’agriculteurs, sept ont arrêté avant la fin de l’expérimentation principalement pour des problématiques d’enherbement », rapporte Clément Munier, de la chambre régionale d’agriculture du Grand Est.

En plateforme expérimentale, la gestion des adventices était bien plus satisfaisante. Cette différence pourrait s’expliquer par des interventions de désherbage mécanique deux fois plus nombreuses en plateforme (quatre par an et par parcelle) que chez les agriculteurs, soumis à d’autres priorités et contraintes, de temps notamment.

Le zéro phyto nécessite en effet un temps de travail supplémentaire d’une heure par hectare par rapport aux deux autres systèmes. « Pour éviter les abandons, on a réfléchi à un nouveau projet plus souple qui accorderait des dérogations au zéro phyto dans certaines situations », indique Clément Munier.