Les leviers alternatifs aux produits de synthèse pour contrôler les bioagresseurs sont particulièrement utilisés sur les insectes. Les résistances détectées concernent ainsi surtout cette catégorie de ravageurs. « Des cas de teigne des choux ou légionnaire d’automne résistants aux bioinsecticides à base de Bacillus thuringiensis (Bt) ont été identifiés », illustre Bertrand Gauffre, de l’Inrae. Des résistances au spinosad, dérivé de toxines sécrétées par une bactérie du sol, ont également été trouvées sur six populations naturelles d’insectes, et de nombreux cas en conditions expérimentales.

La confusion sexuelle consiste à saturer l’atmosphère avec des copies de phéromones synthétiques pour empêcher les mâles de trouver les femelles et de s’accoupler. Il existe des suspicions de baisse d’efficacité en population naturelle, et des résistances ont été montrées en laboratoire sur un ravageur du thé au Japon. « Tous les composés du bouquet femelle ne sont pas présents dans ces phéronomones synthétiques. En conditions expérimentales, les mâles parviennent à détecter les molécules absentes du produit commercial », rapporte Bertrand Gauffre.

Les mécanismes peu connus

En Nouvelle-Zélande, le charançon argentin des tiges avait presque disparu grâce à l’introduction de parasitoïdes exotiques. « L’efficacité de ce parasitisme a baissé après sept ans, probablement à la suite d’une adaptation du charançon », appuie Bertrand Gauffre. Des adaptations aux filets anti-insectes sont par ailleurs suspectées dans le cas du carpocapse de la pomme. « C’est un vrai défi de détecter ces résistances et de comprendre les mécanismes de ces adaptations pour les contourner », insiste Bertrand Gauffre.

« Si on applique nos connaissances sur les résistances aux produits de biocontrôle qui seront mis sur le marché, on pourra espérer qu’elles arrivent moins rapidement que ce qu’on connaît pour les produits de synthèse », conclut Myriam Siegwart.