L’annonce le 23 janvier 2023, par Bruxelles, du non-renouvellement de l’approbation de la benfluraline, a fait l’effet d’un couperet pour les filières d’endives et de chicorées.

« Avec la fin de son utilisation au plus tard le 12 mai 2024, nos adhérents sont démunis, reconnaît Pascal Foulon, responsable technique pour les endives de la coopérative le Marché de Phalempin (Nord). C’est le chénopode qui pose de gros problèmes. Sans solution pour le désherber, ce sera compliqué de produire des endives. Des essais sont en cours pour identifier des solutions, mais rien de satisfaisant à ce jour. Or, il faut du temps pour homologuer une nouvelle substance active. Deux ans, c’est beaucoup trop court ! »

Pour lui, il existe bien des variétés d’endives résistantes à l’herbicide à base de sulfonylurées, Cursus. Mais cet herbicide n’est pas efficace contre les chénopodes.

Risque d’abandon de la culture

Même désarroi du côté des producteurs de chicorées industrielles. « Dans deux ans, ça risque d’être difficile. On ne peut pas éliminer les chénopodes à la main. On ne trouve pas de bras et ça reviendrait trop cher », souligne Philippe Butez, agriculteur à Marck (Pas-de-Calais) et président de l’interprofession Chicorées de France.

« Nous sommes dans l’impasse, regrette Yannick Delourme, responsable agronomique de l’interprofession. Depuis 2010, les agriculteurs avaient pourtant réussi à baisser les IFT (indice de fréquence de traitements), de 6 à 3,6. Sans solution en 2025, les 3 000 agriculteurs qui en produisent, l’abandonneront. Rappelons que le prix d'un robot, c’est 100 000 €. »

Pour Florentin Roy, responsable de la marketing et de la communication de l’industriel Chicorées Leroux, le problème des solutions alternatives est le coût de production. « Il faut trouver un équilibre entre ce qui acceptable sur le plan économique et sur le plan réglementaire, indique-t-il. Pas sûr que les consommateurs achèteront de la chicorée, si elle coûte deux à trois fois plus cher. »