Soucieux d’améliorer ses pratiques et la qualité de ses sols, Jean-Marie Fontaine a pour maître-mot depuis qu’il s’est installé il y a vingt-cinq ans, l’agronomie. Ouvert sur l’extérieur et en permanence à l’écoute des innovations, il n’a pas mené seul ses investigations pour progresser. La Ferme de l’Allemagne travaille de longue date en lien avec la chambre d’agriculture. Elle a obtenu la certification Qualiterre en 1996, puis a été l’une des premières à être certifiée Iso 14001, dans le cadre de l’association Terr’Avenir, avant d’intégrer en 2015, un réseau de fermes Déphy.
Des apports de compost
« Ce qui compte le plus pour moi, c’est la préservation du sol, explique l’agriculteur de l’Aisne. J’apporte pour cela depuis vingt ans, 3 à 5 tonnes de composts de fientes de volaille et lisier de porc, devant toutes les cultures de printemps. Ce compost fournit la fertilisation de fond aux betteraves et pommes de terre par exemple, et autour de 50 u d’azote. Il contribue aussi à améliorer la vie du sol ».
« Réduire les doses de phytos, c’est parfois possible, mais pas toujours »
Jean-Marie Fontaine n’a pas non plus attendu que les couverts soient obligatoires pour en implanter en interculture. « Je privilégie les associations à base de moutarde et autres dicots, radis, vesces, phacélies …, indique-t-il. J’ai testé les graminées par le passé, mais dans mes terres légères, elles assèchent trop le sol. Malgré la présence de cultures industrielles dans la rotation, le taux de matière organique des sols s’est maintenu, voire a progressé dans certaines parcelles ». Il réalise une analyse de terre dans 20 % de ses parcelles chaque année, ce qui signifie que le sol de chaque parcelle est analysé tous les cinq ans.

Fongicides à demi-doses
Jean-Marie Fontaine met aussi tout en œuvre pour optimiser l’irrigation et réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, mais avec pragmatisme. « Je m’assure du pourquoi de ce que je fais, précise-t-il. Mais j’essaie de m’arrêter à temps dans la prise de risque. Les réalités économiques sont là, je ne peux pas mettre en péril mon exploitation ». Il cherche pour cela le meilleur compromis entre date de semis, rendement et tolérance aux maladies dans le choix de ses variétés, et a recours aux outils d’aide à la décision. Il utilise par exemple Miléos pour optimiser le déclenchement des fongicides pommes de terre, Alerte Maladies en betteraves ou Xarvio en céréales.
En blé, il a appliqué trois fongicides à demi-dose en 2021, année très humide. En 2022, année plus sèche, il s’est limité à deux dans certaines parcelles, et en général, à moins d’une demi-dose. « Comme les pommes de terre sont irriguées, il est plus difficile de gagner sur ce poste, mais cette année, Miléos nous a permis de diminuer de 3 à 4 le nombre d’interventions », indique-t-il. Jean-Marie Fontaine conduit en général les céréales sans labour, mais a gardé la charrue pour les cultures industrielles. « Même si cela semble compliqué dans mon type de sol, je regarde comment les autres agriculteurs mettent en œuvre l’agriculture régénératrice proposée par Mc Cain ».
Des résultats déjà visibles

Outils connectés
Féru de nouvelles technologies, il a aussi été à l’initiative avec la chambre d’agriculture de l’Aisne, de l’association Agriculture connectée dans les Hauts-de-France. Dans ce cadre, il teste sur son exploitation, de nouveaux outils développés par des startups. « J’utilise par exemple sur mon pulvé, le capteur Hygo de la startup Alvie qui permet de réduire de 5 à 10 % les doses de produits phytos en fonction de l’hygrométrie et la température mesurées en temps réel, ajoute l’agriculteur. Je viens aussi de changer de pulvérisateur, pour un Evrard Météor R-Activ qui permet de moduler les doses par tronçon de 3 m. J’ai mis en place cette année avec BASF, un essai pour mesurer la faisabilité et les avantages de la technique ».