«On évoque souvent les conditions d’hygrométrie et de température pour assurer une bonne qualité de pulvérisation, explique Nicolas Jullier, conseiller en production végétale à la chambre d’agriculture de l’Aisne. Mais les caractéristiques de l’eau sont aussi importantes que les conditions climatiques le jour du traitement. » Selon le spécialiste, la taille des gouttes est essentielle. « Si, avec des désherbants de postlevée systémiques, il faut au moins 20 à 30 impacts de bouillie au cm² pour assurer une bonne efficacité du produit, il en faut de 50 à 70 avec des herbicides ou des fongicides de contact. » D’où l’importance d’adapter le volume d’eau au choix des buses. « Avec celles qui produisent des gouttes de 250 µm, 16 l/ha de bouillie suffisent pour obtenir 20 impacts/cm² et 53 l/ha, pour 70, indique-t-il. Mais avec des buses antidérive, qui permettent un diamètre de gouttes de 350 µm, il faudra passer à 110-150 l d’eau pour disposer de 50 à 70 impacts/cm². »
Incidence de la dureté
La dureté de l’eau affecte peu l’efficacité des matières actives. Elle a surtout un impact sur le glyphosate, que l’on corrige avec du sulfate d’ammonium. « Mais elle est susceptible de déstabiliser les formulations et rendre plus difficiles les mélanges, précise le spécialiste. Il est possible de réduire le problème de dureté en diminuant le volume d’eau ou en utilisant des correcteurs. » Nicolas Jullier estime que le recours à l’eau de pluie présente un avantage, car elle très faiblement chargée. « Mais attention à son stockage, des microalgues et des mousses peuvent se développer », prévient-il. Il conseille d’éviter les cuves transparentes et de prévoir des filtres.
Il existe des équipements de filtration et de correction de l’eau. « Ils permettent aux agriculteurs de raisonner au maximum l’optimisation de la pulvérisation et de les rassurer lorsqu’ils diminuent les doses, ajoute le conseiller. Mais lorsque l’on travaille bien et dans de bonnes conditions, on obtient des résultats aussi intéressants. »
Blandine Cailliez