Encore une campagne où les pucerons ont fait mouche ! L’absence de gel l’hiver dernier n’a pas permis de se défaire de ces ravageurs. Ainsi, Rhopalosiphum padi, Sitobion avenae, Metopolophium dirhodum ou encore Rhopalosiphum maidis, les principales espèces rencontrées sur les céréales à paille, ont transmis la jaunisse nanisante de l’orge (JNO). Or, ce complexe de virus peut impacter le rendement de 20 à 30 q/ha, voire plus.

Vecteurs de JNO

Pourtant, il n’est pas aisé de déterminer précisément le risque, car la gravité dépend de la quantité d’insectes virulifères, de leur activité et de la durée de présence sur la parcelle, des caractéristiques des virus et de la culture, etc. Ce que l’on sait, c’est que les céréales sont très sensibles à l’infection virale au début de leur cycle. Même si les implantations plus tardives ont aussi été touchées, la nuisibilité a été plus sévère sur les semis précoces d’orge et de blé. « Les pyréthrinoïdes, contenues dans toutes les spécialités autorisées contre les pucerons à l’automne, n’ont pas d’effet préventif car elles agissent par contact, appuie Nathalie Robin, d’Arvalis. Les appliquer trop tôt, c’est prendre le risque de voir apparaître une résistance. Et plus tard, c’est inutile, car les plantes sont déjà inoculées. Il faut donc encourager les agriculteurs à aller dans les parcelles pour observer les pucerons, vecteurs de JNO. »

 

Si elles renseignent sur l’activité de vol, cuvettes et autres plaques jaunes engluées demeurent un indicateur de risque important pour les cicadelles, mais pas pour les pucerons. Dès la levée, il faut se placer de préférence dans des zones à risques pour une parcelle donnée (près d’une haie ou là où il y a déjà eu des foyers de JNO), éventuellement guidé par les observations de techniciens ou les BSV. Puis il est recommandé d’observer au minimum cinq fois une dizaine de plantes pour déterminer si le traitement est nécessaire. L’utilisation d’un aphicide (lire l’encadré) est conseillée sur des variétés sensibles à la JNO quand 10 % des plantes portent au moins un puceron ou quand leur présence se prolonge sur la culture plus de dix jours.

Au ras du sol

S’il fait beau, les conditions d’observations sont simples car les insectes seront en haut des feuilles (photo 1). «Mais cela se corse lorsqu’il pleut (photo 2), alerte Nathalie Robin. Les pucerons vont alors se loger aux pieds des plantes et ne seront pas évident à apercevoir. » Il faudra prendre le temps de les observer en se mettant au ras du sol. Il est aussi possible de prélever quelques pieds pour les mettre dans un sac plastique qu’on placera au chaud afin de mieux observer les pucerons. Et si le seuil n’est pas atteint, il faudra réitérer ces observations dans les parcelles tous les dix jours environ.

C. F.