Les semis 2018 de colza approchent à grands pas. Et, comme chaque année, va se poser l’épineuse question de la lutte contre les insectes à l’automne.
L’institut technique Terres Inovia rappelle que le premier levier pour faire face à ces ravageurs est de réussir l’implantation de la culture, afin de favoriser un développement régulier qui réduit la nuisibilité des larves en limitant leur passage dans les cœurs. Pour cela, il faut semer, dans la mesure du possible, au début de la période recommandée par l’institut. L’objectif est d’atteindre le stade 4 feuilles au 20 septembre. « Par exemple, autour du 10 août en Lorraine », précise Laurent Jung, chez Terres Inovia.
Dans les situations à faible disponibilité en azote, les apports organiques seront privilégiés. Sinon, il est possible d’en apporter sous forme minérale au moment du semis (avant le 31 août en zone vulnérable), à hauteur de 30 unités maximum couplées avec du phosphore, si possible localisé (forme binaire). De plus, l’association avec des légumineuses est également intéressante puisqu’elle booste la croissance des colzas et perturberait les insectes. Le labour assure, par ailleurs, un enfouissement optimal des pailles, et garantit la bonne structure pour la croissance du pivot.
À partir de la levée, il faudra surveiller la présence des insectes en consultant le Bulletin de santé du végétal (BSV) et en contrôlant vos cuvettes, mais surtout vos cultures. Cela permet de détecter les morsures d’altises d’hiver (ou grosses altises) adultes.
Gestion des résistances
Le seuil d’intervention est de 8 pieds sur 10 avec morsures avant le stade 4 feuilles. Si la levée est tardive (après le 1er octobre), il est abaissé à 3 pieds sur 10 avec morsures, et à 25 % de la surface foliaire atteinte. Un organophosphoré seul (Boravi WG 1 kg/ha avec acidifiant) est conseillé. « Cette intervention, qui n’a aucun impact sur les infestations larvaires, doit rester exceptionnelle », indique l’institut.
Si, entre le stade 5-6 feuilles et la reprise de végétation, des larves d’altises sont présentes dans plus de sept plantes sur dix (équivalent à 2-3 larves par plante), un traitement devra avoir lieu. Une pyréthrinoïde seule peut être utilisée, là où aucune résistance n’est suspectée. En dehors des secteurs de forte résistance, optez pour une association de chlorpyriphos + pyréthrinoïdes afin de réduire la pression de sélection. Dans l’Yonne, une partie de l’Aube, de la Nièvre et de la Côte-d’Or, le niveau de résistance est tel que Terres Inovia conseille plutôt l’emploi de Boravi WG 1,5 kg/ha (si l’association chlorpyriphos + pyréthrinoïdes n’est pas disponible).
Pour se faire une idée de la présence des charançons du bourgeon terminal, il faut à la fois surveiller ses cuvettes, et consulter les BSV qui donnent une indication de la dynamique de vol mais aussi du risque d’entrée en ponte. L’intervention aura lieu de préférence avec un produit à base de pyréthrinoïdes et d’organophosphorés, une quinzaine de jours après les premières captures lorsqu’elles sont précoces. Et si elles ont lieu courant octobre, huit à dix jours après.