Ils guident le groupe Indre énergie solaire à deux. Laurent Viallet et Olivier Perrot sont polyculteurs-éleveurs dans l’ouest du Parc naturel régional de la Brenne, dans l’Indre. À la tête, respectivement, de fermes de 270 hectares en allaitant charolais broutard, et 120 ha en grandes cultures (avec également du charolais), ils ont mené à son terme un projet de création de vingt-sept bâtiments photovoltaïques. Au total, treize exploitations avec diverses orientations technico-économiques sont concernées.
« C’est avant tout le besoin en bâtiments qui a motivé la constitution du groupe, explique Laurent. À titre personnel, l’incendie d’un bâtiment de 1 000 m2 m’a incité à m’ informer, notamment lors du salon TechOvin, où Agrisoleil 86, groupe d’agriculteurs de la Vienne expérimenté dans le solaire, partageait son expérience. »
Ensuite, des discussions multiples au niveau local ont permis de faire émerger les besoins. « Le groupe s’est alors créé spontanément, avec des fermes de 24 à 400 hectares, aux profils très différents : bovins lait, engraisseurs, chèvres, céréaliers, vente directe, et engagées aussi au sein de divers syndicats, précise-t-il. Puis, nous nous sommes fortement inspirés du modèle Agrisoleil. Ses membres nous ont beaucoup aidés et conseillés, notamment leur salarié. Ce furent même les seuls à le faire. »
17 368 m2 de toiture
Le groupe adopte des règles de configurations techniques communes. L’orientation sud des bâtiments et une toiture bipente asymétrique en sont la base. Trois tailles sont proposées : 18, 36 ou 54 mètres de long, avec un poteau tous les 9 mètres, soit des bâtiments à 1, 3 ou 6 poteaux. Tous sont bardés sur les trois faces : est, ouest et sud. « Si l’agriculteur souhaite personnaliser une configuration, le fermer sur les quatre côtés, par exemple, il prend en charge le supplément, complète Olivier. Au final, vingt-huit bâtiments sont sortis de terre, pour une surface de toiture photovoltaïque de 17 368 m2. »
Si l’aménagement des terrains est à la charge des exploitations, les coûts de construction sont mutualisés au m2, béton inclus. Les panneaux sont d’origine allemande (Solarworld) et turque (Csun). C’est une PME des Charentes qui en a réalisé l’installation. La charpente métallique a, elle, été confiée à un spécialiste industriel du Grand Ouest. Le premier bâtiment a été commencé en avril 2015 et les travaux ont été terminés en décembre 2015. Fin février 2016, 60 % des installations produisaient et injectaient dans le réseau d’électricité. Elles doivent être opérationnelles à 100 % , et en production, pour la mi-avril 2016.
Regroupés en SAS Indre énergie solaire
Pour s’assurer que le projet allait bien arriver à sa fin et pour profiter des meilleurs tarifs, Laurent et Olivier sont allés vite et ont multiplié les rencontres, notamment en DDT, collectivités territoriales, parc naturel, ERDF, banques et assurances. « L’instruction des permis de construire a ainsi été facilitée, confie Laurent. De même que de bonnes conditions de prêt. Cela a été, en revanche, plus difficile au niveau d’ERDF. De nombreuses réunions du groupe ont également été nécessaires. Finalement, une SAS a été créée pour gérer l’activité photovoltaïque. » Indre énergie solaire signe un bail de trente ans avec l’agriculteur pour le terrain. Un autre bail est signé pour l’usage. La jouissance et la responsabilité du bâti reviennent donc à la SAS.
4,5 millions d’euros
Chaque agriculteur apporte environ 20 % de l’investissement en parts, la SAS portant 80 % en emprunt sur seize ans. Le budget total atteint 4,5 millions d’euros, dont 400 000 euros pour les études et les raccords réseaux, mutualisés aussi. Le dividende est rapporté au m2 de panneau, cela sans tenir compte des différents tarifs, qui datent du second trimestre 2014. Aujourd’hui, le groupe est en réflexion autour d’une action de partage d’expérience. Tout comme les conseils dont ils ont pu bénéficier, tout particulièrement d’Agrisoleil 86, Laurent et Olivier souhaitent faire profiter d’autres agriculteurs de leur expérience.