Depuis quelques mois, les agriculteurs le constatent à chaque remplissage de leur cuve de GNR ou plein du véhicule de ferme : le prix du carburant a flambé, pesant d’autant sur les charges de mécanisation. Sur Twitter, un éleveur a récemment fait le buzz en comparant la facture du plein de gazole de son Partner de ferme à sa paie de lait, soit 1,40 €/l pour le Diesel contre 0,32 €/l pour son lait. Du côté du GNR, la situation est tout aussi préoccupante. Les entrepreneurs de travaux agricoles, par la voix de leur président Gérard Napias, s’inquiètent de la situation depuis début juin. « Le poste carburant, qui représente 14 % des charges de l’ETA française, flambe au moment où la saison des travaux agricoles bat son plein. Inquiétant quand les travaux agricoles, de la préparation du sol à la récolte, requièrent 100 l de GNR, dont 25 l pour le seul battage d’un hectare », martèle la FNEDT (Fédération nationale des entrepreneurs de territoires).

Attitude offensive des États-Unis

La cause principale de cette hausse est la flambée du prix du pétrole. Le prix du baril de brut a gagné près de 35 % en un an, ce qui se répercute directement sur le produit raffiné. Et le contexte géopolitique ne favorise pas un retour aux niveaux de prix de 2017. D’abord avec l’Opep et ses alliés qui continuent de respecter leur accord de diminution de la production, lequel leur a permis de faire remonter les cours et donc de remettre à flot leur économie. Ensuite, l’attitude offensive des États-Unis sur la scène internationale, avec l’embargo sur les exportations iraniennes, en particulier de pétrole brut, promet de diminuer le volume d’or noir disponible sur le marché mondial, d’autant plus que l’Arabie Saoudite a prévenu : pas question pour l’Opep de compenser les volumes perdus par l’Iran. Enfin l’instabilité politique et économique au Venezuela, l’un des poids lourds de l’Opep, favorise aussi la volatilité des cours.

Le second facteur qui pèse sur les prix mondiaux est temporel : juillet est le mois des grands déplacements en automobile en Amérique du Nord et d’utilisation intensive de la climatisation dans les pays du Golfe, deux pratiques qui font traditionnellement augmenter la demande mondiale. La seule lueur d’espoir de voir le prix du baril baisser significativement est la pression politique intérieure qui s’accentue sur le président américain. À quelques mois des élections de mi-mandat au congrès, le prix à la pompe très élevé pourrait jouer en sa défaveur. Certains analystes s’attendent à le voir rapidement faire preuve d’une certaine souplesse sur le pétrole iranien.

Les taxes pèsent lourd

En France, selon l’Ufip (Union française des industries pétrolières), c’est d’abord le rattrapage de la fiscalité du gazole par rapport à l’essence qui plombe le prix à la pompe. L’augmentation graduelle de près de 3 centimes par litre et par an est prévue jusqu’en 2022. Pour alourdir la facture, la taxe carbone vient s’ajouter à l’arsenal fiscal. Selon l’Ufip, elle est équivalente à 300 €/t, soit 3,7 centimes par litre de gazole pour 2018. Les taxes représentent donc 72 % du prix payé à la pompe, une proportion en augmentation de 157 % par rapport à 2017.