Que peuvent bien avoir en commun un promoteur immobilier chinois, un acheteur de 4 x 4 américain et un pirate nigérian ? Et bien tous les trois contribuent à la fluctuation du marché du pétrole. Le pirate nigérian, qui fait chuter de 50 % la production d’or noir de son pays, et le chauffeur américain, qui profite des faibles prix du carburant pour laisser à nouveau libre cours à sa passion des grosses cylindrées, favorisent une remontée du cours du baril. De son côté, l’entrepreneur chinois a fortement ralenti son appétit d’investissement depuis un an et est devenu un important facteur de baisse. Ce ne sont que trois exemples isolés parmi un ensemble de facteurs techniques, économiques et politiques qui animent le marché du pétrole depuis un an.

Bras de fer entre Américains et Saoudiens

L’or noir connaît le cours le plus agité de son histoire, avec un véritable contre-choc pétrolier survenu en 2015. Après plusieurs mois passés à flirter avec la barre symbolique des 50 $, le prix du baril de Brent a finalement atteint son niveau le plus bas le 20 janvier 2016, une valeur typique de la fin des années quatre-vingt-dix. Depuis, les cours sont remontés et oscillent autour de 50 dollars. Mais bien malin qui pourra prédire l’évolution à moyen et long termes, tant les facteurs influençant les prix sont nombreux et imprévisibles.

En revanche, la cause principale de la baisse amorcée en 2015 est bien identifiée. L’impressionnant développement du pétrole de schiste aux Etats-Unis a permis à l’Oncle Sam de devenir le premier producteur mondial, avec 12,7 millions de barils/jour. L’Arabie Saoudite, leader historique, et son dauphin russe ont dû se contenter des places d’honneur avec respectivement 12 et 10,9 millions de barils/jour.

Depuis le choc pétrolier de 1973, l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), dont l’Arabie Saoudite est le membre le plus influent, régule le prix du pétrole en adaptant la production des membres du cartel. Mais les Etats-Unis ne font pas partie de l’Opep et ont un intérêt politique et économique à affaiblir certains de ses membres comme l’Iran, le Venezuela et l’Arabie Saoudite. Pour compliquer la partie entre l’Opep et les Etats-Unis, les deux alliés de l’Oncle Sam au sein de l’Alena (Accord de libre échange nord-américain), le Canada et le Mexique, sont eux aussi de gros producteurs de pétrole. En 2015, l’Alena a réalisé 21,4 % de la production mondiale de pétrole, alors que les pays de l’Opep ont extrait 41,4 % des barils. Enfin, la Russie représente à elle seule 12,4 % de la production mondiale et la Chine, avec 4,3 millions de barils/jour, arrive juste sous la barre de 5 %.

Une production bien loin de satisfaire l’appétit énergétique de l’empire du Milieu. La Chine arrive d’ailleurs en deuxième position derrière les Etats-Unis pour la consommation d’or noir, avec 12 millions de barils/jour.

La Chine en arbitre

Mais la Chine n’est pas le seul pays de la région à connaître une importante croissance. Sa consommation combinée avec celle de l’Inde, de la Corée du Sud, de Singapour et du Japon fait passer le continent asiatique en tête de la consommation mondiale, avec 34,7 % contre 23,9 % pour l’Alena. C’est donc de cette région du monde que dépend la demande mondiale, facteur important de fixation du prix du baril.

Au niveau de l’exploitation agricole française, le yo-yo du prix du baril est bénéfique puisqu’il fait baisser mécaniquement celui du GNR et que le fioul est devenu l’énergie de chauffage la moins chère en 2015. Seule ombre au tableau, le prix du colza qui suit celui du pétrole et qui est donc orienté à la baisse depuis un an.